Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/775

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

14 septembre 1832.


À défaut de grandes nouvelles du dehors qui nous ont encore manqué totalement cette quinzaine, voici de petits évènemens, de petites anecdoctes dont nous avons recueilli çà et là les détails.

Un bruit qui s’est dernièrement répandu dans le monde fashionable politique a produit à Londres une assez vive sensation. On a dit que la sœur de don Pédro, celle qui était régente de Portugal avant l’arrivée de don Miguel, a écrit au roi Guillaume une lettre par laquelle elle le supplie de la délivrer de la rigoureuse captivité que lui fait souffrir son frère, et de l’arracher à un pays où elle est contrainte de subir incessamment le spectacle d’un si cruel despotisme. On a quelque raison de penser que cette requête ne sera pas sans influence sur les décisions du cabinet anglais dans l’affaire portugaise.

L’ex-roi d’Espagne, Joseph Bonaparte, comte de Survilliers, est arrivé récemment à Londres, dans la voiture publique de Liverpool. Depuis lors il habite l’hôtel de Marshal Thompson. Il est maintenant âgé de soixante-cinq ans. Après avoir successivement occupé les trônes de Naples et d’Espagne, il a passé les quinze dernières années dans le voisinage de Philadelphie, se conformant en tous points aux mœurs et aux habitudes des fermiers américains. Le comte de Survilliers passe, sinon pour le plus distingué, au moins pour le plus aimable des frères de Napoléon. C’est un des premiers naturalistes de l’époque. En 1799, il publia un petit roman français assez médiocre, intitulé Moina. Ses sujets de la péninsule lui avaient donné le surnom de roi de la bouteille. Il a eu de sa femme, mademoiselle Clary, de Toulon, deux filles, mariées maintenant à ses neveux, les fils de Lucien et de Louis Bonaparte, qui hériteront