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REVUE DE VOYAGES.

tion parmi nous par son voyage sur les côtes du Chili et du Pérou ; celui à Loo-Choo, quoique un peu moins populaire, n’est pas moins digne d’intérêt, et le dernier qu’il vient de publier sur les États-Unis mériterait aussi bien que les précédens les honneurs de la traduction. Il acquerrait même un nouvel intérêt par le livre que mistress Trollope vient de publier sur le même sujet. L’auteur pense comme cette spirituelle dame sur beaucoup de points, mais il n’est pas tout-à-fait du même avis qu’elle sur beaucoup d’autres qui concernent plus particulièrement les mœurs américaines ; il est de ces choses délicates et exquises pour lesquelles, nous autres hommes, nous n’avons pas grâce d’état. Ces deux ouvrages peuvent être considérés comme le complément l’un de l’autre, et doivent être lus de tous ceux qui veulent connaître les mœurs de l’Union.

Les fragmens de voyages dont nous avons à parler ne sont pas d’un ordre aussi élevé que les autres productions de l’auteur. Ainsi qu’il nous l’apprend lui-même, ils sont adressés aux jeunes gens qui se destinent à la carrière aventureuse de la mer ; et certes, ils ne pouvaient avoir un meilleur guide que lui pour leur montrer à la fois les charmes et les privations de la vie du marin. M. Hall n’emprunte ses exemples qu’à lui-même, et se met en scène depuis son début, comme midshipman, jusqu’au moment où de longs services lui ont valu le grade dont il est revêtu aujourd’hui, et expose avec une égale candeur les fautes et les actions honorables de sa carrière. Il possède en outre une inépuisable provision de conseils pleins de sens et de raison, faits non pour les circonstances extraordinaires de la vie, mais pour ces situations communes, triviales, où la plupart des hommes s’embourbent tous les jours de leur existence. Il les développe avec une abondance, une lucidité, une rectitude de jugement qui ne l’abandonne jamais, et quelquefois avec une certaine profondeur. Ces qualités solides n’excluent pas chez lui celles plus brillantes de l’imagination : on voit, à chaque instant, percer dans ses récits l’enthousiasme de sa profession, son amour filial pour le vieux vaisseau qui lui a servi pendant de longues années de toit paternel, et au milieu de tout cela, des souvenirs du ciel de l’Inde, des mers équatoriales, qui le poursuivent, comme tant d’autres, dans le fond de sa retraite,