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DIXIÈME LEÇON.

GÉRARD DE ROUSSILLON[1].

Vous vous souviendrez, messieurs, de la division que j’ai faite des romans carlovingiens en deux grandes classes ou sections : la première, de ceux relatifs aux guerres avec les Arabes d’Espagne ; l’autre, de ceux ayant pour sujet les révoltes des chefs de province contre les monarques issus de Charlemagne. Le roman de Ferabras, dont je vous ai parlé précédemment, appartenait à la première classe ; celui de Gérard de Roussillon, dont je vais vous parler maintenant, appartient à la seconde : c’est le tableau poétique de l’une de ces grandes rebellions qui amenèrent la dissolution de la monarchie franke. Il y est bien question de guerre contre les Sarrasins, mais seulement d’une manière épisodique et tout-à-fait secondaire.

Gérard de Roussillon, le héros de ce roman, est un personnage et même un grand personnage historique. Il fleurit sous Louis-le-Débonnaire, auquel il survécut de longues années. Personne n’ignore les étranges démêlés de ce faible empereur avec ses trois fils, qui le détrônèrent deux fois. Ce-fut dans ces démêlés que commença la fortune de Gérard. Élevé à la cour de Louis-le-

  1. Cette analyse est tirée d’un manuscrit provençal inédit du fond de Cangé, no 24, bibl. du roi, 7991.