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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/379

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DE LA CHINE
ET

DES TRAVAUX DE M. ABEL RÉMUSAT.


PREMIER ARTICLE.


En écrivant cette notice, on s’est proposé un double but : contribuer à faire connaître généralement ce que l’érudition doit au savant qu’elle aura tant de peine à remplacer, et, à cette occasion, entretenir le public d’un sujet qui, grâces surtout à M. Rémusat, a souvent piqué sa curiosité, mais sur lequel il reste encore dans plusieurs esprits de grandes incertitudes et bon nombre de préjugés. On a beaucoup déraisonné sur la Chine, et les Chinois ne se font pas de l’Europe des idées plus ridicules que celles que nous nous sommes formées souvent de leur empire. À l’ignorance et à l’esprit de système s’est joint le dédain qui leur va si bien, et l’on s’est dit : À quoi bon savoir le chinois ? Des personnes instruites du reste sont portées, faute de notions précises, à ne voir dans cette étude que l’amusement d’une vaine curiosité, tout au plus l’inutile mérite de la difficulté vaincue, ou une sorte de manie bizarre comme le goût des magots. On n’oserait s’écrier : Peut-on être Persan ! car on a lu Montesquieu, mais on se surprend à penser : Peut-on être Chinois ! Quelle estime faire alors d’une vie vouée tout entière à l’étude d’une langue et d’une littérature auxquelles on attache si peu d’importance ? Cependant la mort de M. Rémusat est une perte des plus sérieuses que pouvait