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l’épuiser si tôt : c’est une masse qu’il est assez difficile d’entamer. On sent combien y aiderait un bon catalogue de ces livres. M. Rémusat l’avait senti ; en 1816, il avait conçu le plan d’un catalogue qui eût été un véritable traité de bibliographie raisonnée et de littérature chinoise.

Il était d’autant plus urgent de s’en occuper que cent soixante-quinze articles, formant environ 2,000 volumes n’avaient pas été catalogués, et que le reste l’avait été par Fourmont, qui, à la manière d’un autre savant, qui prenait le Pirée pour un homme, voyait toujours un nom d’auteur ou de personnage dans le titre d’un livre chinois, qu’il voulût dire énigme, guitare ou mariage, et donnait un recueil de mémoires scientifiques pour un ouvrage de cabale.

M. Rémusat s’occupait de ce catalogue depuis plusieurs années, quand il fut nommé conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque du Roi, et dès lors conduit par la nature même de son emploi à s’occuper plus spécialement de l’histoire littéraire de la Chine.

À cette époque, ses idées s’étaient encore étendues, son catalogue devait avoir pour base les soixante-seize livres de l’histoire littéraire de Ma-touan-lin, auteur d’une espèce d’encyclopédie critique, dont nous allons parler tout à l’heure. M. Rémusat se proposait de traduire les soixante-seize livres du savant chinois, d’en faire comme le texte auquel il voulait rapporter, sous forme d’annotations, toutes les observations bibliographiques qu’il pourrait se procurer, et d’y joindre tous les éclaircissemens que lui auraient fournis d’autres ouvrages historiques. Ainsi on aurait eu non plus un simple catalogue déjà précieux, mais, comme disait M. Rémusat, un tableau vaste et complet de la littérature de tous les âges ; des index étendus contenant les noms des auteurs et les titres des livres et une histoire sommaire des monumens littéraires de la Chine eussent été l’utile complément de ce grand travail ; il devait former deux volumes in-folio, et être terminé dans l’espace de deux années.

Cet ouvrage est un de ceux que M. Rémusat n’a pas terminés ; mais on a lieu d’espérer qu’on pourra profiter des matériaux que dans ce but il avait déjà recueillis.