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particulièrement l’odeur du rocou. Leur costume, du reste, ne différait en rien de celui des Indiens que nous avions avec nous.

Ils nous firent bon accueil, et après que le cachiry eût circulé quelque temps dans des couys[1] que les femmes remplissaient à mesure que nous les vidions à la ronde, ils s’empressèrent de nous offrir des arcs, des hamacs et autres objets, en échange de ceux que nous apportions. Awarassin avait deux femmes, ce qui se voit quelquefois parmi les Indiens. La plus jeune, qui était assez jolie, témoignait une extrême impatience d’avoir un camisa, et pressait tout haut son mari de le lui acheter. Il céda enfin à ses importunités ; mais, au lieu de lui donner ce vêtement tant désiré, il l’offrit à sa première femme, qui se tenait à l’écart sans lui rien demander, et qui était beaucoup plus âgée que l’autre. Celle-ci, piquée de cet outrage public, se retira dans sa case, et nous ne la revîmes plus. Lorsque les Indiens ont plusieurs femmes, l’usage veut que la dernière venue prenne soin du ménage, serve le mari, et soit en quelque sorte soumise aux plus anciennes ; mais presque tous se contentent d’une seule femme, et ceux qui sont polygames en ont rarement plus de deux.

Les cases d’Awarassin étaient mieux construites que celles que nous avions vues jusqu’alors. Les Indiens ont toujours deux espèces de demeures, les unes élevées de quinze à vingt pieds au-dessus du sol, et nommées sura ; les autres, basses, et qu’ils appellent koubouya. Les premières sont leurs demeures proprement dites ; ils y déposent leurs objets les plus précieux, y passent la nuit, et les femmes y préparent les alimens. Leur forme est ordinairement la même que celle de nos maisons ; mais quelquefois elles sont octogones et faites avec beaucoup de régularité ; on y monte au moyen d’une poutre posée obliquement, entaillée de distance en distance, et garnie d’une espèce de garde-fou. Le koubouya est destiné à recevoir les étrangers ; c’est là qu’on tend les hamacs pendant le jour, et qu’on se réunit pour boire les jours de réjouissances. Il forme le plus souvent un parallélogramme arrondi aux deux extrémités. Celui d’Awarassin était rond et recouvert d’un

  1. Vase fait avec le fruit du calebassier coupé en deux.