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Le lendemain, une nouvelle conférence eut lieu ; mais madame Catherine n’y assista point. Le roi d’Angleterre parut mécontent. Il remit au duc de Bourgogne le parchemin qu’il en avait reçu la veille. L’entrevue fut froide et courte.

Le roi d’Angleterre avait ajouté, de sa main, au-dessous de chaque réplique du conseil, des conditions si exorbitantes, que la reine ni le duc n’osèrent prendre sur eux de les accepter[1]. Ils les envoyèrent à Pontoise, afin qu’elles fussent mises sous les yeux du roi, le pressant toutefois de les accepter, la paix, à quelque prix que ce fut, étant, disaient-ils, le seul moyen de sauver la monarchie.

Le roi de France était dans un de ses momens de retour à la raison, qu’on peut comparer à cette heure du crépuscule matinal, où le jour, luttant encore avec la nuit qu’il n’a pas vaincue, ne laisse entrevoir de chaque objet qu’une forme confuse et flottante. Le sommet des plus hautes montagnes seulement commence à s’éclairer des rayons du soleil : mais la plaine est encore dans l’ombre. Ainsi dans la tête bourdonnante du roi, les pensées primitives, pensées d’instinct général et de conservation personnelle, attiraient à elles les premiers rayons de lumière que faisait luire la raison, laissant dans la nuit ce qui n’était qu’intérêt

  1. Voici les répliques du conseil de France et les émargemens conditionnels qu’y avait ajoutés le roi d’Angleterre.

    1o Le roi d’Angleterre renoncera à la couronne de France.

    Le roi consent, pourvu qu’on ajoute : hormis pour ce qui sera cédé par le traité.

    2o Il renoncera à la Touraine, à l’Anjou, au Maine et à la souveraineté sur la Bretagne.

    Cet article ne plaît pas au roi.

    3o Il jurera que ni lui ni aucun de ses successeurs ne recevront en aucun temps, ni pour quelque cause que ce soit, le transport de la couronne de France d’aucune personne qui y ait ou prétende y avoir droit.

    Le roi en est content, à la condition que son adversaire jurera la même chose quant aux domaines et possessions d’Angleterre.

    4o Il fera enregistrer ses renonciations, promesses et engagemens, de la meilleure manière que le roi de France et son conseil pourront aviser.

    Cet article ne plaît pas au roi.

    5o Au lieu de Ponthieu et de Montreuil, il sera permis au roi de France