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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/108

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REVUE DES DEUX MONDES.

miquement, on verrait se reproduire de nouvelles séries de grands phénomènes analogues à ceux dont nous venons de parler.

Dans le cas où cette croûte solide ne serait pas susceptible d’être attaquée par le nouveau liquide déposé, mais où une couche inférieure serait de nature à l’être, il pourrait arriver que, pendant quelque temps, il n’y eût pas d’action chimique, mais qu’ensuite, au travers des fissures de la couche intermédiaire, fissures produites par des bouleversemens précédens ou causées par le retrait résultant, pour cette couche moyenne, d’un refroidissement postérieur à la solidification, le liquide nouvellement déposé arrivât jusqu’à la couche attaquable. Le premier effet de cette pénétration serait de produire des explosions qui briseraient de plus en plus la couche préservatrice, et mettraient en un plus large contact les deux couches qu’elle séparait. De là résulteraient des bouleversemens nouveaux dont les effets seraient d’autant plus intenses qu’ils auraient tardé davantage, et que les obstacles qu’ils auraient à vaincre seraient plus grands.

C’est ainsi qu’on peut rendre raison des révolutions successives qu’a éprouvées le globe terrestre, du brisement et de la disposition sous toute espèce d’inclinaisons de couches formées d’abord selon des lignes de niveau. On conçoit que la surface de la terre, au lieu d’avoir été en se refroidissant d’une manière graduelle, a dû éprouver des augmentations de température très grandes et très brusques, toutes les fois que se sont produites les réactions chimiques dont nous venons de parler.

Maintenant que la température est tellement abaissée, qu’il n’y a plus, parmi les corps susceptibles d’agir chimiquement avec violence, que l’eau qui soit restée à l’état liquide, ce n’est plus que de l’eau qu’on peut craindre un nouveau cataclysme.

On peut, poursuit M. Ampère, faire, avec une petite masse de potassium, une expérience qui représente en miniature les bouleversemens qui ont dû avoir lieu sur le globe terrestre, quand une substance jusqu’alors gazeuse est tombée à l’état liquide sur ce globe, dont la surface était de nature à agir chimiquement sur elle. Pour cela, il suffit de projeter en l’air de l’eau, de manière à ce qu’elle retombe en gouttes imperceptibles sur ce globule de potassium. À mesure qu’elle y arrive, chaque molécule d’eau est décomposée ; son hydrogène, à cause de l’élévation de température qui se produit, brûle avec une petite flamme semblable à celle d’un volcan ; il se fait au point de contact une petite cavité, qui est le cratère, et l’oxide de potassium se relève sur les bords en formant un monticule, dont le cratère occupe le centre.

Si l’eau tombe en quantité un peu plus considérable, il se fait un embrasement général de la surface du potassium, d’où résulte une multitude