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veulent contribuer au progrès de la musique considérée dans son ensemble, au moyen de concerts qu’ils donnent par souscription.

On jugerait mal l’esprit de ces sociétés, si l’on croyait qu’elles n’ont qu’une existence précaire, qui cessera dès que la musique aura atteint en Angleterre le degré de perfection où elle est arrivée en France et en Allemagne. Les Anglais sont dévoués à leurs institutions ; ils y portent une conviction que rien ne peut ébranler, et l’on ne pourrait peut-être citer un seul exemple de défection parmi les membres d’une association quelconque. Toute l’Europe s’élèverait contre les Catches et les Glees, que ces pièces de musique nationale ne seraient pas moins admirées des vrais Anglais.

En 1829, la société des Mélodistes m’a fait l’honneur de m’inviter au dîner mensuel qu’elle donne à Freemason’s Tavern. Ces dîners sont ordinairement présidés par le duc de Sussex, frère du roi. Un orgue se trouve dans la salle du festin, et l’on y apporte un grand piano qui doit servir à accompagner les chanteurs dans leurs exercices. J’avoue que la nouveauté de tout ce que je vis et entendis dans cette séance m’intéressa vivement. L’assemblée était composée d’environ quatre-vingts membres de la société, parmi lesquels je remarquai de graves personnages. Après que chacun eut pris à table la place qui lui convenait, tout le monde se leva au signal donné par M. Tom Cooke, musicien très distingué, qui ne doit ses talens qu’à son heureuse organisation, et le Benedicite fut chanté en harmonie par tous les musiciens de la société. Pendant le repas, des toasts furent portés au roi, à la gloire de la marine britannique, à la prospérité de la mélodie anglaise, et à quelques-uns des membres les plus distingués de la société. Après le toast du roi, on chanta le God save the King avec les refrains en chœur, et le toast à la gloire de la marine fut suivi de l’air national des marins, arrangé pour plusieurs voix.

Au dessert, divers membres de la société se mirent successivement au piano, et les exercices commencèrent par des glees de différens genres ; ceux qui furent le plus applaudis et qu’on redemanda avaient été composés par MM. Parry, Blewitt et Tom Cooke. J’ai entendu avec beaucoup de plaisir le glee de ce dernier, qui commence par ces mots : Fill, my boy, as deep a draught. Ce morceau, écrit pour quatre voix, est d’une mélodie charmante, et l’harmonie