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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/172

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reste à démontrer que la manière dont la société use de la musique est encore plus préjudiciable à cet art.

Londres n’est, en quelque sorte, qu’une habitation de circonstance pour les Anglais. La clôture du parlement est le signal de leur départ. Ceux qui possèdent de grandes richesses se retirent dans leurs terres, habitations enchantées, dans lesquelles ils réunissent tous les plaisirs champêtres à toutes les jouissances du luxe ; les autres vont sur le continent faire des économies, dont ils ont besoin pour satisfaire leur vanité, pendant le peu de mois qu’ils passent dans la capitale de leur pays. Les dépenses excessives qu’ils font pendant une courte saison les obligent à suivre ce régime. Dès la fin de juillet, Londres devient un désert dont nos villes de province les plus solitaires offrent à peine l’image ; car ce ne sont pas seulement les riches qui s’en éloignent : tous ceux qui vivent à leurs dépens, les artistes, les modistes, les parasites, les industrieux de toute espèce, se dispersent aussi et vont se préparer aux travaux de la saison suivante, ou se reposer de leurs fatigues. Quatre mois composent ce qu’à Londres on nomme la saison ; ils durent depuis le 15 mars jusqu’au 15 juillet : alors une activité prodigieuse et sans égale règne dans cette ville, qui présentait auparavant le spectacle d’une vaste solitude ; alors commence une série non interrompue de concerts, de spectacles, d’oratorios, de soirées musicales et de fêtes de tout genre. La multiplicité de ces plaisirs est telle, qu’on conçoit à peine comment les femmes, et même les hommes les plus robustes, ne succombent pas sous la fatigue qu’ils leur occasionnent.

Tout le monde apprend la musique en Angleterre, non pour la savoir, mais parce qu’il est du bon air de dépenser de l’argent pour cet art, et d’avoir pour maître tel ou tel artiste renommé. Quelques jeunes dames, douées de dispositions réelles pour le piano ou pour le chant, possèdent de beaux talens ; mais, en général, la musique n’est cultivée par les Anglais que comme un moyen de dissiper l’ennui qui les tue. Le chant et le piano sont adoptés de préférence à toute autre partie de la musique ; on assure que le nombre des personnes qui en donnent des leçons s’élève à plus de quatre mille à Londres. MM. J.-B. Cramer et Moschelès sont au premier rang parmi les professeurs. Parmi les autres, on remarque mes-