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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/223

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REVUE. — CHRONIQUE.

jouir. Sous peu, M. Thiers partira pour l’Angleterre afin de voir de ses propres yeux des chemins de fer, et achever son éducation de ministre des travaux publics. Pour qu’elle ne laissât rien à désirer, nous aimerions qu’en même temps il s’enquit de la manière de dresser les devis pour les constructions publiques.

La grande affaire du moment est le prochain anniversaire de juillet. Comme nous avons été sages pendant les douze derniers mois, et que nous avons laissé faire tout ce qu’on a voulu, nous serons traités en vrais enfans gâtés ; nous paierons seulement la dépense de la fête, cela va sans dire. Panem et circenses est, dit-on, notre cri, comme il était jadis celui des Romains ; si cela est, nous aurons lieu, cette fois, d’être satisfaits. Les jeux du cirque se préparent pour nous avec une magnificence inaccoutumée. Lisez seulement le programme ; ce seront de belles fêtes ! l’Empire n’eût pas fait mieux. Rien n’y manquera, si ce n’est les quelques mille braves qui se sont fait tuer pour abattre ce que nous voyons chaque jour renaître peu à peu.

La guerre étrange qui a lieu en Portugal, depuis bientôt un an, vient enfin d’offrir un épisode qu’on peut appeler un fait d’armes, bien que la chose se soit passée sans un homme tué de part et d’autre. L’expédition partie de Porto n’a eu qu’à se montrer sur les côtes des Algarves, pour en prendre possession sans coup férir. Ne chantons cependant pas encore victoire pour don Pedro. Il pourrait fort bien arriver qu’on eût simplement deux Porto au lieu d’un. L’intérêt que nous prenions dans l’origine au succès de l’ex-empereur du Brésil, s’est bien affaibli, grâce à la nullité complète dont il a fait preuve depuis son débarquement sur la terre qu’il venait réclamer pour sa fille. Ce n’est pas ainsi que nous sommes accoutumés à voir jouer des couronnes dans ce siècle ; nous croyons presque assister à l’une de ces petites guerres interminables du temps passé, en lisant les exploits des deux frères : rien n’y manque, pas même l’image de ces fameux condottieri qui, vivant du produit de leur épée, venaient l’offrir à la partie belligérante assez riche pour payer leurs services. Nous attendons très patiemment la fin de toute cette affaire.

Une foule choisie se pressait, il y a peu de jours, aux portes de l’Institut, pour assister à la séance publique de l’académie royale de médecine. Les solennités de ce corps savant d’une nature toute spéciale n’attirent guère d’ordinaire que ceux qui tiennent de loin ou de près à la faculté ; mais, cette fois, on savait que M. Pariset devait prononcer l’éloge de Cuvier, et l’orateur aussi bien que le sujet avaient réuni une assemblée nombreuse. Ce n’était pas complètement toutefois le public brillant et inoccupé qui vient chercher une heure de distraction aux séances de l’acadé-