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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/305

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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

vrés du joug des Hovas les avait remplis d’un enthousiasme difficile à décrire. Ils travaillèrent avec ardeur à l’érection de la place et l’approvisionnèrent abondamment de riz et de bétail. Une politique bien entendue eût profité de ce moment pour leur donner des armes ; mais le commandant se borna à les reconnaître pour sujets de la France, à les mettre à l’abri de notre pavillon et à leur promettre protection contre toute insulte de la part des Hovas. Les Malgaches, pleins de confiance dans ces paroles, vinrent se fixer à Tintingue au nombre de plusieurs mille, et élevèrent des cases qui formèrent bientôt un grand village à quelque distance de la place. Plus tard ils ont cruellement expié le zèle qu’ils montrèrent dans cette circonstance ; mais n’anticipons pas sur les événemens.

Après avoir donné ses ordres à Tintingue, le commandant fit voile pour Tamatave, d’où il voulut envoyer une députation et des présens à Ranavalona ; mais le général hova Coroller, qui commandait la place, refusa de laisser partir l’une et les autres. Quelque temps auparavant, la reine avait protesté contre la présence, sur la côte, de forces aussi considérables, et l’on avait répondu à cette protestation en la sommant de nous restituer nos anciennes possessions. Sur son refus, la guerre était devenue imminente et n’attendait plus qu’une occasion pour éclater. Il y avait alors à Madagascar un Français qui s’y était établi depuis longues années, et qui avait joué un rôle assez important sous Rhadama. M. Robin, c’était son nom, après avoir servi en France en qualité de sous-officier, était passé à Bourbon avec le même grade. Dans un moment d’oubli de ses devoirs, il avait déserté et s’était rendu à Madagascar, où Rhadama, pour le récompenser de ses services, l’avait nommé grand maréchal du palais et commandant de Tamatave. Dans ce poste, M. Robin s’était toujours parfaitement conduit envers ses compatriotes, ce qui avait engagé l’administration de Bourbon, avec laquelle il avait de fréquens rapports, à demander sa grâce en France, faveur qui avait été accordée sans difficulté. Lorsque Rhadama mourut, M. Robin eut le bonheur de sauver sa tête dans ce moment critique, et fut seulement privé de son rang et du poste qu’il occupait. À l’arrivée de l’expédition, il s’empressa d’offrir ses services au commandant qui les accepta, sans toutefois faire grand cas de ses avis. La présence d’un homme qui pouvait