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INTRODUCTION À LA SCIENCE DE L’HISTOIRE.

ment de ce but. La certitude, au point de vue absolu, est la conscience de notre existence comme fonction ; au point de vue relatif, c’est la conscience de notre organisme. C’est le problème idéal de Platon expliqué physiologiquement. Dans le système nerveux, toute activité ne peut avoir que l’une de ces directions, du centre aux extrémités, ou des extrémités au centre. Du centre aux extrémités, voilà la synthèse ; des extrémités au centre, voilà l’analyse. La synthèse est l’opération la plus humaine de toutes ; l’acte analytique est ce qui l’est le moins : la synthèse et l’analyse combinées sont des moyens de certitude ; isolées, elles conduisent à des erreurs. L’état de création de la synthèse exige le plus haut degré d’exaltation ou d’activité de l’organisme nerveux. À considérer toutes les synthèses qui ont jusqu’à ce jour commandé les peuples, et elles s’élèvent à un bien petit nombre, on reconnaît que leurs auteurs ont eu seulement le temps de commencer ; ils n’ont fait que poser les premiers principes, mais ils les ont posés purs. La vie chez l’individu consiste dans une activité alternative qui va du centre à la circonférence, ou de la circonférence au centre, en passant par les trois états successifs de sentiment, de raisonnement, et de réalisation.


Physiologie sociale. — De même que l’individu est un, parce qu’il a un centre d’existence, l’humanité est une, soit qu’on l’envisage dans un temps limité, soit qu’on la considère dans sa continuité. Une unité, une centralité humaine ne peut être qu’une pensée centrale. La pensée existe par le signe ; le signe est le fait de la force spontanée qui est en nous. Le pouvoir de nommer, la création du signe est le fait humain par excellence, celui qui nous constitue ce que nous sommes ; c’est dans les propriétés qui se voient en nous la seule qui nous soit spéciale. L’humanité nous présente, comme l’individu, le fait du mouvement actif du centre à la circonférence ou l’état de synthèse, le fait du mouvement de la circonférence au centre ou l’état d’analyse, et un espace intermédiaire ou de transition entre ces deux états. La synthèse dure des siècles dans l’humanité, au lieu de quelques minutes qu’elle occupe dans l’individu ; c’est un dogme social universel. L’analyse n’est pas une doctrine sociale : elle est constituée par l’absence de