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REVUE. — CHRONIQUE.

d’épines et portant sa croix. Pilate, Caïphe et quelques autres sont restés sur la scène, attendant le récit obligé de la fin.


PILATE.

Je vois Albin, qui vers ces lieux s’avance.

CAÏPHE à Albin.

Eh bien !

ALBIN.

Eh bien ! Cet homme était vraiment
Le fils de quelque Dieu. Quel étonnant courage !
De force et de douceur quel sublime assemblage !

CAÏPHE (vivement.)

Dites-nous s’il est mort ?

PILATE.

Dites-nous s’il est mort ? De ce Galiléen,
Albin, sans plus tarder, racontez-nous la fin.


Albin s’acquitte de cette tâche tout aussi bien que pourrait le faire M. Viennet, et quand il est au bout, Pilate s’écrie :


Ma sentence
A donc fait sur la croix expirer l’innocence !
Caïphe, es-tu content ?


(Tonnerre, obscurité, la toile se lève, on voit dans le fond du théâtre le Calvaire et trois croix : une voix partant du Calvaire :)


Eloi ! Eloi !

TOUS.

Quel lamentable cri !

LA MÊME VOIX.

Lamma sabacthani !

VALÉRIE entre effrayée.

Tu l’as donc condamné ?

PILATE.

Tu l’as donc condamné ? Reviens de ton effroi.

VALÉRIE.

Faudra-t-il désormais que je compte sur toi !


La toile tombe. — Vraiment M. François Cristal est appelé à régénérer la scène française. Nous conseillons sérieusement à M. Jouslin de Lasalle de monter au plus vite la Passion de Jésus-Christ. Jouée selon les saines traditions du Théâtre Français, elle ferait certainement courir tout Paris.