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Une femme errante vint dans sa demeure ; la plante de ses pieds était meurtrie, ses bras brûlés par le soleil, son nez était déprimé. Elle s’appelait la servante. » .....

Ce couple misérable s’unit, et de cette union résulte la race des esclaves. Les noms de leurs fils et de leurs filles sont significatifs ; ce sont des noms d’opprobre : le sombre, le grossier, le querelleur, le paresseux, l’épais ; la lente, la déchirée, le pied de grue, etc. ; leurs occupations sont « de faire des haies, d’engraisser les champs, de soigner les porcs, de garder les chèvres, de fouiller les tourbières. »

Ensuite Rig vient dans la demeure d’un autre couple. Cette fois ses hôtes se nommaient le grand père et la grand’mère. « Le mari construisait un métier à tisser, sa barbe était soignée, il avait une touffe de cheveux sur le front, son vêtement était serré ; il y avait un coffre sur le plancher. La femme faisait tourner le rouet, elle ouvrait les bras, elle préparait des vêtemens. »

Rig se couche encore entre eux et passe ainsi trois nuits ; neuf mois après, il naît à la grand’mère un fils qu’on appelle le Paysan (Karl). « On l’enveloppa dans le lin. Sa chevelure était rouge et son teint rubicond, ses yeux étincelans.

Il commença à croître et à se fortifier, il apprit à dompter les taureaux, à faire des charrues, à construire des maisons de bois, à bâtir des granges, à fabriquer des chars, à conduire la charrue.

On lui amena sa fiancée, vêtue d’une peau de chèvre, portant le trousseau de clefs ; elle s’appelait la diligente : on la plaça sous le voile de lin. Les époux habitèrent ensemble, ils échangèrent leurs anneaux, ils étendirent leur couche, et ils établirent leur demeure. »

Leurs enfans s’appellent : l’homme, le garçon, le colon, le sujet, l’artisan, etc. ; de là est sortie la race des paysans.

Ensuite Rig s’en alla dans une demeure tournée au sud. Là était un couple qui s’appelait le père et la mère. « L’époux était assis et tordait le nerf d’un arc ; il ployait un arc, il fabriquait des flèches ; la mère regardait ses bras, tissait la toile, affermissait ses manches… Ses sourcils étaient plus beaux, son sein plus éblouissant, son cou plus blanc que la neige la plus pure. »

Rig s’asseoit au festin entre eux deux.