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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/456

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maître. Cette tactique des chiens, acquise d’abord par l’expérience, s’est ensuite transmise par génération à toute la race, chez laquelle elle est maintenant instinctive, de sorte que l’on voit de jeunes chiens qui, la première fois qu’on les mène au bois, savent déjà comment attaquer, tandis que des chiens d’Europe, d’ailleurs fort intelligens, mais ne sachant point le danger qui les attend, se laissent environner et succombent en un instant.

Les cochons sont de tous les animaux domestiques les plus aisés à nourrir, ceux qu’on peut le mieux transporter à bord d’un bâtiment ; aussi les navigateurs, dans les voyages de découverte, en ont-ils souvent laissé dans les lieux où ils ont relâché. Partout où ces animaux ont pu échapper aux flèches des sauvages, ils ont en général beaucoup multiplié, quelle que fût la nature du sol, quel que fût le climat, entre les tropiques comme auprès du cercle polaire ; car, malgré leur air grossier ce sont des animaux qui savent fort bien se plier aux circonstances. Ainsi, lorsqu’au commencement de cette année, le gouvernement anglais a envoyé prendre possession des îles Malouines, on a trouvé que plusieurs de ces îles étaient peuplées de cochons-marrons qui y vivaient en grande prospérité, profitant très habilement des moindres avantages que pouvait leur offrir ce pays, d’ailleurs si peu favorisé. Ces animaux, qui proviennent des porcs domestiques que les premiers colons avaient apportés, passent une grande partie de la journée dans l’intérieur des terres, se vautrant dans les tourbières, fouillant les parties qui peuvent leur offrir quelques racines succulentes. Mais au moment du reflux, quand les plages commencent à être largement découvertes, on les voit accourir tous ensemble vers la mer, pour se régaler d’huîtres et d’autres coquillages, déposés sur le sable ou attachés aux rochers. « Ils sont, dit l’officier de marine à qui j’emprunte ces détails, aussi bien informés de l’heure de la basse mer, et aussi exacts à se rendre à l’heure que s’ils avaient dans leur poche un chronomètre de Bréguet, et dans leur coffre un exemplaire de la Connaissance des temps.

Les cochons marrons qu’on trouve dans les parties chaudes de l’Amérique, ont aussi leur genre d’industrie accommodée aux conditions particulières dans lesquelles ils sont placés. Je n’en parlerai point aujourd’hui, et revenant à la lettre de l’auteur anonyme, je m’occuperai avec lui des chevaux. Le trait qu’il en rapporte est très intéressant, sans doute, mais il a omis un point très important ; il nous laisse ignorer s’il a fait lui-même l’observation. Les mêmes motifs de défiance n’existent pas par rapport à l’autre anecdote à laquelle il a fait allusion. Quelque étrange qu’elle puisse paraître, il est difficile de la supposer controuvée, quand on songe que ce narrateur écrivait trois ans seulement après que la chose était arrivée, et