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NOUVELLES EXPÉDITIONS ANGLAISES.

s’étaient pas livrés à la pêche de la baleine et des phoques. La seule source de bénéfices qu’eût Vernet, outre le bétail, était la pêche du mulet qu’il envoyait salé et desséché à Buenos-Ayres, où il se vendait promptement et avec avantage. On estime actuellement la quantité de bétail existant sur les îles Falkland à sept mille têtes, et les gauchos m’ont affirmé qu’elles pourraient en nourrir aisément quarante mille, ce qu’ils sont à même de juger mieux que personne. Environ six mille ont été tuées depuis que Vernet a pris possession du pays. On ne prépare que la chair des vaches ; les mâles, n’ayant point subi la castration, ne sont mis à mort que pour leur peau. Cette destruction continuelle a considérablement diminué le bétail, et il aura disparu dans quelques années, si on n’y met ordre. Nous achetâmes, pour l’approvisionnement du navire, huit vaches que nous payâmes cinq piastres chacune, sans la peau : elles pesaient, terme moyen, 270 livres ; leur chair, d’un rouge foncé, était entièrement privée de graisse, et, quoique tendre, avait un goût particulier qui, du reste, n’était pas désagréable.

« Les chevaux sauvages, étant d’une taille trop petite pour servir à chasser le bétail, ne sont lacés que pour leurs peaux. Ceux que j’ai vus étaient de diverses couleurs : presque tous avaient le front et les pieds blancs. Leur poil est grossier et épais et leur taille un peu plus petite que celle des chevaux de France, ce qu’il faut attribuer à l’intempérie du climat et à la qualité inférieure des pâturages. Les lapins étaient de couleurs aussi variées que ceux de l’île Saunders ; les gris étaient les plus communs, et ensuite les blancs et les noirs. Les gauchos les chassent avec des chiens et s’en emparent en creusant la terre, lorsqu’ils se réfugient dans leurs trous ; nous les achetions, vivans ou morts, un schelling ou dix-huit pence la pièce. On pourra se faire une idée de leur nombre lorsqu’on saura que dans l’espace de deux ans Louis Simon avait rassemblé huit cents douzaines de leurs peaux. Outre le bétail, les chevaux, les cochons et les lapins, les seuls quadrupèdes qui existent dans ces îles, sont des renards, des rats et des souris. On n’y voit aucune espèce de reptiles, de grenouilles ou d’insectes, à l’exception du ver de terre ordinaire. »

Le but que se propose le gouvernement anglais en reprenant possession de ces îles est, sans doute, de les coloniser, car des ports