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REVUE DES DEUX MONDES.

CURIUS.

Il semblait douter, il avait presqu’une figure de délateur.

(Mouvement parmi les conjurés.)

Scène VII.


Les Mêmes, BESTIA, VERCINGETORIX, Esclaves chargés de mets et de fleurs.
CATILINA, à BESTIA.

Le cœur te manque, à ce qu’on dit ; lorsque les plus faibles viennent à nous, lorsque les femmes même…

BESTIA.

C’est justement ce qui m’a fait peur ; je n’aime pas les femmes, moi, là où il y a un secret à garder.

FULVIE.

Oh ! la vieille plaisanterie !

CATILINA.

Pardonne, Fulvie, Bestia est un trembleur, et il a passé l’âge de rendre justice aux femmes. Femme, prends bien garde à ce que tu vas voir, à ce que tu vas entendre. Quiconque entre ici, laisse à la porte toute affection, tout respect humain, toute pitié. Il n’est permis d’y conserver que le souvenir de l’injustice des tyrans !

VERCINGETORIX.

Dans la Gaule, les femmes conseillent et les hommes exécutent.

CURIUS.

Depuis quand les esclaves parlent-ils à Rome ?

CATILINA.

Femme, esclave, parlez ; il nous faut des femmes et des esclaves, les enfans mêmes ne déparent pas une conjuration comme la nôtre ; ne serviraient-ils qu’à crier, la terreur en sera plus complète ; il faut même que Crassus nous prête ses lions.

BESTIA.

Crassus n’est pas si bon que moi, il ne prête jamais. (Poussant un soupir.) Le repas attend.

(Les conjurés prennent place.)
CURIUS.

Cela devient sérieux, nous sommes à table.

CATILINA, faisant l’appel.

Lentulus Sura, Curius, Cethegus, Gabinius Capito, Vargunteius,