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chesses à combler la mer et à élever des montagnes, tandis que nous manquons du nécessaire ; que leurs palais occupent des rues entières, et que nous n’avons pas même un foyer domestique ; qu’ils achètent tableaux, statues, vases ciselés ; qu’ils élèvent et détruisent, qu’ils sèment et jettent à pleines mains l’argent sans pouvoir l’épuiser ; pour nous, au-dedans, le besoin, au-dehors, les dettes ; un présent affreux, un avenir plus affreux encore. Qu’avons-nous ? si ce n’est une misérable existence. Réveillons-nous donc ! voici, voici cette liberté tant souhaitée, et avec elle la fortune, l’honneur et la gloire : c’est là le prix que le sort jette aux vainqueurs. L’occasion, le danger, notre dénument, et surtout le butin, prix du combat, vous exhorteront mieux que mes paroles. Général et soldat, je suis à vous : ma tête et mon bras ne vous manqueront pas.

CURIUS.

Bien parlé !

FULVIE.

Mieux que Cicéron ! (bas.) Mais quand donc les horreurs ?

BESTIA, à part.

Tout cela ne dit rien, on ne partage toujours pas l’empire.

FULVIE, à part.

Mais c’est du vin tout pur que je bois !

CATILINA.

Les hommes changeront avec les choses, que voulez-vous ?

CURIUS.

Je demande l’abolition des dettes.

BESTIA, se levant.

Entendons-nous, je suis créancier.

CATILINA.

Mesure générale, tu te rattraperas sur une province.

BESTIA.

Alors je demande le gouvernement d’Asie.

CETHEGUS.

Moi, la proscription de Lucullus et de Crassus.

VARGUNTEIUS.

Mesure générale, la proscription de tous les riches.