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bleaux destinés à éterniser la gloire de la France, et que ces tableaux seront commandés à nos peintres ? Voulez-vous nous empêcher de montrer encore une fois notre sollicitude pour les grands travaux des arts, comme nous le disons dans ce rapport qui répond à tout ? N’avez-vous pas lu, dans ledit rapport, que la prospérité des habitans de Versailles tient à notre projet ? Notre rapport ne vaut-il pas dix-huit ou vingt millions ? Vous ne nous refuserez pas cette bagatelle, quand il s’agit de la gloire de la France.

Quand on parlera de la sorte aux chambres, la pioche aura déjà abattu quelques pans de murailles, mis à découvert quelques plafonds ; il faudra bien céder, sous peine de voir Versailles en ruines, et chaque année ce sera le motif de quelque allocation nouvelle, dont on peut trouver déjà le germe dans cette phrase du rapport qui le termine si heureusement : « Il est pénible de reconnaître que l’on ne pourra avancer que très lentement ; du moins Votre Majesté aura tracé une noble voie dans laquelle il sera beau de la suivre. » Avis à l’héritier du trône, qui pourra exploiter, à son tour, la mine ouverte avec tant d’habileté, dans le rapport de M. de Montalivet.

M. de Montalivet nous amène à M. Pépin, auteur de Deux ans de Règne, qui nous a adressé une réclamation au sujet des explications que nous avons données sur son livre. M. Pépin nous écrit qu’il a en effet travaillé sur des matériaux qui lui ont été fournis, mais que le livre est bien de lui, et qu’il en est auteur. Nous sommes loin de contester à M. Pépin la propriété de son style ; quant aux matériaux, nous en avons indiqué les sources, et nous avons, plus que jamais, lieu de croire à l’exactitude de nos renseignemens.

Les théâtres ont été très actifs pendant cette quinzaine. Louis xi, André Chénier, Paul Ier, Philippe d’Orléans, l’abbé Dubois, la maréchale de Luxembourg, ont été les principales victimes de nos auteurs. Au Gymnase, Louis xi, amoureux de deux jeunes filles, et berné par un page, a paru avec raison fort ridicule ; le malheureux poète André n’a pas été mieux traité à la Gaîté. Cette figure virginale et antique, affublée de grandes phrases de mélodrames, faisait peine à voir sur les tréteaux du boulevard. Un Pont-Neuf, au Vaudeville, est une comédie spirituelle. On a beaucoup ri de la vieille maréchale de Luxembourg, que haïssait si cordialement Jean-Jacques, et qui devint si dévote après avoir été si galante sous le nom de comtesse de Boufflers. Les Roués, grand vaudeville en trois actes, où figurent Dubois et le régent, est une bouffonnerie très curieuse, qui attirera des spectateurs à l’Ambi-Comique. Pour l’Opéra, où ont reparu mademoiselle Taglioni dans la Sylphide, et Nourrit dans Ali-Baba, son éclat