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LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

dont la nature a si libéralement doté le territoire des États-Unis[1]. Enfin, le sel abonde au Texas ; on y a découvert récemment aussi une mine de cuivre ; sur les bords de la rivière Rouge, et le long du Rio-Medina, différens symptômes annoncent l’existence du plomb.

On conçoit tout l’attrait qu’un pays ainsi favorisé par la nature, un sol aussi fertile et aussi bien arrosé, un climat aussi sain (car la fièvre jaune est inconnue au Texas), présentent à l’émigration. Les colons y arrivent en effet de toutes parts, et c’est à leur activité de nouveaux venus, à leurs capitaux, à leurs bras vigoureux, que le Texas est redevable du mouvement singulier qui m’a frappé d’admiration.

Le progrès qui se manifeste dans les districts du centre et de l’est a gagné aussi l’ancienne ville mexicaine de Bejar, qui entretient des relations avantageuses avec le Nouveau-Mexique. Tout enfin atteste, dans cette république parvenue à la cinquième année de son existence, une force de vitalité qui sera peut-être bientôt assez puissante pour l’agrandir aux dépens de ses voisins, et qui au moins n’a rien à redouter de leurs ressentimens ou de leur jalousie.

Lord Durham a remarqué avec raison, dans son admirable rapport sur les affaires du Canada, que, dans toute l’Amérique du Nord, la création des routes, le creusement des canaux, la construction des ponts, tenaient une place immense parmi les plus importans travaux des gouvernemens et des législatures. Ce besoin d’improvement, qui distingue si honorablement la race anglo-américaine et lui a fait

  1. Aux États-Unis, le charbon de terre se trouve partout, des bords de l’Atlantique au pied des Montagnes Rocheuses. La Pensylvanie, la Virginie, l’état d’Ohio, l’Indiana, l’Illinois, en sont remplis. Les chaînes et les bassins parallèles des monts Alleghanys sont autant de bassins houillers qu’une exploitation de plusieurs siècles ne saurait épuiser. Aux richesses accumulées déjà viennent s’ajouter chaque jour des richesses nouvelles, et comme si la nature, en privilégiant ces terres fortunées, n’eût rien voulu faire à demi, elle a placé la plupart de ces dépôts de combustible dans le voisinage de grands cours d’eau tous navigables. Les bords de l’Alleghany-River et du Monongahela offrent à chaque pas des exploitations de houille ; il en est de même de l’Ohio et du plus grand nombre de ses affluens. De nouvelles mines de charbon semblent surgir à chaque instant des prairies de l’Indiana, et tout récemment on vient de découvrir sur les bords de la rivière de l’Illinois un dépôt de houille de la plus grande richesse. Ce fleuve coule à travers une prairie le plus souvent dépourvue d’arbres ; on pouvait croire que la navigation à la vapeur en souffrirait, mais voilà qu’aussitôt la difficulté est levée. Plus à l’ouest, sur les bords du Missouri et de ses innombrables affluens jusqu’aux Rocky-Mountains, toujours même accumulation de combustible fossile, richesses inépuisables pour l’avenir, et cent fois préférables à celles des mines d’argent, d’or et de diamans que la nature a prodiguées à l’Amérique du sud.