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lonté nationale, en danger de mort, dans une lutte heureusement finie, et où les titres qu’il porte au front n’ont pas été de trop pour le protéger ? Qu’était-ce donc que les dangers de la restauration, qui avait à combattre et le parti exagéré qu’on a vaincu en 1831, et le parti modéré qui a triomphé en 1830 ?

§ II.

Quelle tendance se manifesta en France peu de temps après la révolution de juillet, quand elle se trouva dominée par un parti violent qui rêvait de nouveau la conquête du monde ? Est-il besoin de le dire ? Ne vit-on pas la nation presque entière se lever en quelque sorte pour réclamer l’ordre et la modération dans son gouvernement ? Dès que Casimir Périer, aidé de M. Thiers, de M. Guizot et de tous les hommes éminens qui ont figuré depuis dans les conseils du cabinet du 11 octobre, eut déployé sa bannière, toutes les forces sociales du pays ne vinrent-elles pas se resserrer autour de lui, et ne vit-il pas accourir à l’instant l’immense majorité des deux chambres pour partager avec lui les amertumes et les dangers de sa tâche ? On ne chercha pas long-temps cette majorité, elle se rallia instantanément à la profession de foi ministérielle que prononça le chef du cabinet dans la chambre des députés. Or, se rappelle-t-on bien ce qu’était cette profession de foi du ministère du 13 mars ? Le ministère précédent s’était retiré par un excès de susceptibilité constitutionnelle, et, disons-le sans crainte, nous qui ne professons aucune sympathie pour les principes qui dirigeaient ce cabinet, cette susceptibilité venait peut-être du désir de dissimuler les embarras que lui causait sa faiblesse et qui nécessitaient la retraite de cette administration. Toujours est-il que dès-lors commencèrent à s’élever les préventions qu’on n’a cessé depuis de répandre sous le nom de « gouvernement personnel. » La déclaration du 18 mars 1831 fut très explicite à cet égard, et les premières paroles de Casimir Périer dans la chambre des députés furent celles-ci : « Le ministère s’est formé d’une manière toute constitutionnelle ; il prendra sa force dans sa responsabilité même. Toutes ses propositions, toutes ses mesures seront l’expression d’une délibération indépendante, d’une volonté commune. Le jour où cette harmonie cesserait serait celui de sa dissolution. » A-t-on ouï dire que le parti conservateur ait été offensé de ces paroles qui définissent si bien