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La somme prélevée dans chaque pays pour l’acquittement de la dette publique étant laissée en dehors, il semblerait résulter que les frais d’administration sont plus forts chez nous que chez nos voisins ; mais on ne remarque pas que des 748 millions qui restent disponibles après le solde de notre dette, il faut rabattre encore :

1o Les fonds spéciaux des départemens, des communes et des colonies, qui, bien que portés au compte général, n’entrent pas dans les coffres de l’état, et sont laissés à la disposition des localités qui ont jugé convenable de s’imposer extraordinairement. Ces sommes diverses s’élèvent, suivant les calculs de M. d’Audiffret, à 
110,136,994
2o La plus grande partie des sommes dont se compose le dernier article, c’est-à-dire le montant des restitutions et des non-valeurs, dont la mention sur les états n’est qu’une pure formalité 
28,090,904
138,227,898

La régularité des écritures exige encore qu’on note comme dépense l’achat des matières premières employées dans les exploitations que l’état se réserve. Ces articles ne sont pourtant pas onéreux aux contribuables, puisqu’ils reparaissent avec bénéfice au compte des recettes.

Si on observe d’autre part que le budget de la Grande-Bretagne ne donne pas lieu à des éliminations comme le nôtre, qu’il laisse plusieurs services et des plus importans à la charge des localités, qu’il ne comprend pas l’écrasante taxe des pauvres, on devra reconnaître que, malgré la disproportion des territoires et des populations, le gouvernement ne coûte pas plus cher en France qu’en Angleterre ; que si on mesurait enfin l’étendue et la régularité des services publics, l’avantage serait incontestablement de notre côté.

Des économies et des réformes, comme celles que nous avons fait entrevoir, calmeraient les impatiens qui s’exagèrent la nécessité d’alléger notre budget. Ainsi on gagnerait du temps, et au lieu d’immoler brusquement les rentiers, on préparerait avec une sage lenteur la rénovation du contrat qui lie l’état à ses créanciers. Quel système serait le plus avantageux pour les deux parties ? Nous répondrons en deux mots : le plus sincère, le plus transparent aux yeux de la foule. Nous voudrions qu’à l’avenir le taux véritable des emprunts ne fût jamais déguisé, que le terme et les conditions du rachat fussent nettement stipulés, que la part laissée à l’agiotage fût aussi restreinte que possible.

L’attention de ceux qui seront appelés à réformer notre crédit public devra

    tendance qui n’est pas nécessairement dangereuse, mais à laquelle il ne faudrait pas non plus s’abandonner légèrement. Le chiffre des dépenses tend, au contraire, à s’affaiblir en Angleterre, où la loi de l’économie est plus impérieuse encore que chez nous.