Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/603

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
599
L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

plus petites, mais se jetant isolément dans la mer. La longueur des ces rivières et leur profondeur vont en s’amoindrissant du nord au sud à mesure que la presqu’île se rétrécit. Les deux rivières situées le plus au nord, la Narbaddah et le Tapti, ont cela de particulier que, contrairement à la pente générale, elles courent de l’est à l’ouest, en ligne presque directe, se jeter dans la mer à la côte de Malabar, tandis que le Godavery, le Kistnah, le Pânar, le Câvery, qui ont leurs sources près de la côte du Malabar dans les montagnes marginales du plateau du Dekkan, c’est-à-dire dans la pente orientale des Gaths, vont traverser les plaines du plateau de l’ouest à l’est, et se jeter dans la mer du Bengale à la côte de Coromandel. En résumé, trois des plus grands fleuves du monde, plusieurs autres fleuves ou rivières considérables, égaux par le volume de leurs eaux et la longueur de leur cours aux principaux fleuves de l’Europe, et un grand nombre de rivières secondaires arrosent et fertilisent plusieurs parties de l’Hindoustan ; mais l’Hindoustan n’est pas aussi favorisé, sous ce rapport, que l’Inde transgangétique, surtout cette portion de l’Inde qui s’étend à l’est du grand Gange et du Brahmapouttra.

La fertilité de l’Hindoustan, la beauté de son climat, sont presque proverbiales ; cela est dû, sans doute, à ce que l’on a appliqué au pays entier ce qui n’est vrai que de quelques-unes de ses parties, ou à l’année ce qui n’est vrai que d’une saison. Les conquérans musulmans n’avaient pas une très haute opinion des avantages que pouvait offrir un établissement durable dans ces contrées, et ce n’est qu’une longue habitude qui a vaincu leurs répugnances. Ce n’est pas la richesse du sol, mais les richesses minérales et les produits précieux de l’Inde ; ce n’est pas la beauté du climat, mais la soif et l’espoir du butin qui paraissent avoir tenté ces hordes envahissantes. Le fanatisme religieux, agissant comme prétexte et comme excitant à la fois, a fait le reste, et livré l’Hindoustan à toutes les horreurs de la dévastation et du pillage.

Selon les brahmes, l’Inde se divisait originairement en dix grands royaumes, et l’existence de ces divisions générales paraît être confirmée par celle de dix dialectes principaux, correspondant à chacune de ces divisions. Environ deux mille ans avant l’ère chrétienne, selon les Pouranas, le Bharat-Khand aurait compris quatre riches et puissans royaumes. Tous les autres états secondaires de l’Inde auraient été tributaires de l’un ou l’autre de ces grands empires, et ceux-ci auraient, à leur tour, formé, à de certaines époques, une confédération soumise à un seul chef ou empereur. Cette organisation politique et