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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/620

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REVUE DES DEUX MONDES.

les temps le permettent, aux populations de l’Hindoustan, si longtemps opprimées par le despotisme, le fanatisme et la superstition.

Le nouveau Code pénal de l’Inde, rédigé par une commission spéciale et soumis à la sanction du gouvernement suprême, est un pas immense fait dans la carrière des améliorations que réclame l’administration de la justice. Pour donner une idée de l’esprit de libéralité, d’impartialité et de saine politique qui a présidé à la rédaction de ce beau travail, nous citerons l’exposé des motifs qui précède le chapitre XV du nouveau code, chapitre qui traite des délits relatifs à la religion et aux castes.

Voici comment s’exprime la commission, et nous appelons d’autant plus volontiers l’attention de nos lecteurs sur ce court et lumineux exposé, qu’il suffit pour donner, sous le point de vue religieux, une idée très nette de la position du gouvernement anglais à l’égard des populations de l’Inde :

Le principe sur lequel ce chapitre a été établi est un principe auquel il serait à désirer que tous les gouvernemens se conformassent, et duquel le gouvernement anglais dans l’Inde ne peut s’écarter sans risquer la dissolution de la société. Ce principe est que chaque homme doit être libre de suivre sa propre religion, et qu’aucun homme ne peut insulter à la croyance d’un autre.

« La question de savoir si les insultes faites à une religion doivent être punies, nous semble tout-à-fait indépendante de la vérité ou de la fausseté de la religion attaquée. La religion peut être fausse, mais le mal que ces insultes causent à ceux qui professent cette religion est réel. C’est souvent, et l’observation la plus superficielle peut nous en convaincre, une peine aussi réelle, aussi poignante qu’aucunes de celles qui puissent être causées par des délits contre la personne, la propriété ou la réputation, et il n’existe rien qu’on puisse offrir en compensation. La discussion peut, il est vrai, faire jaillir la vérité, mais les outrages n’ont point cette tendance. Ils peuvent être dirigés aussi aisément contre la foi la plus pure que contre la plus grossière superstition. Il est plus facile de combattre le mensonge que la vérité, mais il est tout aussi facile de détruire ou de souiller les temples de la vérité que ceux du mensonge ; il est aussi facile de troubler par des paroles déshonnêtes et des clameurs injurieuses des hommes rassemblés dans des vues d’adoration rationnelle et pieuse, que des hommes occupés de l’accomplissement des plus absurdes cérémonies. De telles insultes, quand elles sont dirigées contre des opinions erronées, ont rarement d’autre effet que celui de fixer ces opinions plus profondément dans l’esprit, et de donner un