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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

considérable d’hommes d’un mérite éminent qui se sont succédés dans l’administration des affaires civiles, politiques et militaires de la Compagnie, depuis près d’un siècle. Parmi ces hommes, il faut distinguer surtout lord Clive, Warren Hastings, lord Wellesley et lord Hastings. Par eux, les relations du gouvernement anglais avec les différens princes de l’Hindoustan ont acquis le caractère de suprématie et de dignité qui convenait à une grande nation : sous leur administration, et plus particulièrement sous l’administration de lord Hastings, le système de politique intérieure a pris la forme et la consistance qu’on lui reconnaît aujourd’hui et dont nous avons essayé de donner une idée.

Depuis quelques années, des améliorations importantes ont été introduites dans l’administration des provinces anglaises de l’Hindoustan. Ces améliorations datent principalement de l’avénement de lord W. Bentinck au pouvoir, et se distinguent par un caractère d’humaine sollicitude, de libéralité, d’impartialité et de justice envers les peuples de l’Inde, qu’il est de notre devoir de signaler. Sous ce rapport, lord Bentinck a bien mérité, non-seulement de son pays, mais de l’Inde britannique et de l’humanité tout entière. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner dans quel but spécial d’économie et de réforme cet homme d’état avait été investi du gouvernement suprême, et quels moyens il a employés pour atteindre ce but. Nous n’avons non plus ni le temps ni l’intention d’apprécier les principaux actes de sa politique, et nous nous bornerons à cet égard à répéter ce que nous avons déjà exprimé en parlant du caractère de ses négociations avec le Sindh, que sa politique en général nous a paru manquer de dignité, d’habileté et de force ; mais le nom de lord W. Dentinck a mérité de vivre et vivra dans la postérité par le souvenir d’un acte qui suffisait à lui seul pour honorer tout un gouvernement : l’abolition du Satti[1].

    instructions en conséquence. La part du libre arbitre était néanmoins large encore à cette distance et avec deux à trois mois d’incertitude inévitable, malgré la vapeur. Lord Auckland a su en faire un noble usage et conduire à fin son aventureuse entreprise. — Les nouvelles de Bombay arrivent maintenant en trente-six ou trente-huit jours à Londres. Nos dernières lettres de Calcutta et de Benarès ont mis un peu moins de cinquante-deux jours à franchir la distance qui sépare la capitale de la France des métropoles politique et religieuse de l’Hindoustan.

  1. Satti, veuve hindoue qui se brûle sur le bûcher avec le corps de son mari. On donne le même nom à la cérémonie religieuse dont cet acte fanatique est le complément indispensable. Le satti a été aboli dans les territoires de la compagnie par lord William Bentinck, en 1829.