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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/922

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REVUE DES DEUX MONDES.

Les électeurs étaient primitivement au nombre de sept, et la bulle d’or de Charles IV les compare à sept flambeaux qui doivent éclairer le saint-empire dans l’unité des sept dons de l’esprit[1]. C’étaient les trois archevêques de Mayence, de Trèves et de Cologne, le roi de Bohême, le comte palatin du Rhin, le duc de Saxe et le marquis ou margrave de Brandebourg. Deux autres électorats, celui de Bavière et celui de Hanovre, avaient été créés depuis, l’un après la guerre de trente ans, l’autre à la fin du XVIIe siècle. En 1777, le nombre des électeurs avait été réduit à huit par la réunion de l’électorat palatin et de celui de Bavière sur une seule tête. Les électeurs possédaient les prérogatives les plus étendues. C’étaient eux qui, avant d’élire l’empereur, lui imposaient, sous le nom de capitulation, le traité où il s’interdisait toute tentative pour relever la puissance impériale. Ils étaient ses conseillers obligés, et il ne pouvait rien faire sans leur avis et leur consentement, tandis qu’eux, au contraire, pouvaient s’assembler et délibérer sur les affaires de l’empire sans sa permission. Les rois les traitaient de frères : l’empereur, par un usage bizarre, les appelait ses neveux et ses oncles. Le droit électoral était attaché au territoire, non à la personne, ni à la famille ; c’est pourquoi tous les électeurs possédaient un certain district qui était proprement l’électorat.

Le second collége de la diète, appelé collége des princes, se composait, en 1792, de cent votans. Sur ce nombre il y avait quatre vingt-quatorze suffrages personnels, c’est-à-dire donnés individuellement par les possesseurs de certaines seigneuries laïques ou ecclésiastiques, et six voix curiales ou collégiales appartenant à deux bancs de prélats et à quatre bancs de comtes. Sur les quatre-vingt-quatorze voix personnelles, trente-trois appartenaient à des ecclésiastiques, en vertu de leur élection comme évêques ou abbés, et soixante-une à des seigneurs laïques portant les titres de ducs, landgraves, margraves et princes. Ces soixante-une voix se trouvaient réparties entre quarante princes seulement, dont quelques-uns avaient déjà leur voix dans le collége électoral. Ainsi le roi de Prusse en avait sept, l’archiduc d’Autriche trois, l’électeur de Bavière six, le roi d’Angleterre six, etc. Cela venait de ce que, dans le XVIIe siècle, on

  1. Septem electores sacri imperii per quos velut septem candelabra lucentia in unitate spirites septiformis sacrum illuminari debet imperium. (Bull. aur. Proœmium). C’est une allusion au candélabre à sept branches du temple de Jérusalem et aux sept chandeliers de l’Apocalypse. Le Saint-Esprit est appelé septiformis munere dans l’hymne Veni Creator.