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REVUE. — CHRONIQUE.

de 1831 et de 1833 est également sincère. Quelque difficile que cela paraisse, on parviendra peut-être à trouver un mode de répression qui concilie tous les intérêts et toutes les sympathies. La question doit être étudiée sérieusement ; en toutes choses, il arrive souvent que les combinaisons les plus simples se présentent les dernières, même aux esprits les plus distingués.

La phrase sur la Pologne est heureusement introduite et heureusement tournée. Qui pourrait ne pas sympathiser avec la commission « pour cette nation malheureuse que l’espérance n’abandonne pas, parce qu’elle a foi dans la justice de sa cause ? » Tous les jours, les sympathies des amis de la Pologne sont réveillées et excitées par de nouvelles atteintes à ses droits et à sa nationalité. Les mesures les plus étranges, les plus sauvages se multiplient sans cesse ; elles ont toutes le même but : extirper violemment du sein de la nation polonaise tout sentiment de patriotisme, tout souvenir d’elle-même. On conçoit, à la rigueur, que de deux civilisations très distantes l’une de l’autre, la civilisation supérieure s’impose dans certains cas à la civilisation inférieure ; mais que peut donc apprendre la Pologne de la Russie ? À servir ? à se mettre à genoux devant un autocrate ? à grimacer la joie dans l’esclavage ? Pauvre Pologne ! On veut en faire un mamelouck, sans souvenirs, sans famille !

M. le ministre des finances a présenté à la chambre des députés le budget des recettes et des dépenses de l’exercice de 1845. Nous n’avons pu que parcourir à la hâte le discours de M. le ministre, document important, et sur lequel il serait téméraire et ridicule d’énoncer une opinion arrêtée avant de l’avoir sérieusement étudié. À la première vue, le travail de M. Lacave nous paraît reposer sur des bases solides. La paix est un grand ministre des finances dans un pays intelligent, actif et plein de ressources naturelles. Cette remarque n’ôte rien au mérite des ministres de la couronne qui ont présidé aux finances du pays. Les familles les plus opulentes peuvent se ruiner, si l’administration de leur patrimoine manque de lumières et de probité, si l’ordre n’y règne pas, si le gaspillage et les folles dépenses s’y renouvellent sans cesse.

Dans la première partie de son discours, et avant d’exposer le budget de 1845, M. le ministre fait connaître la situation de nos finances au moment de l’ouverture de cet exercice. Voici le résumé de ses calculs :

Les découverts des exercices de 1840, 1841 et 1842 avaient été évalués, lors de la présentation du budget de 1843, à 372 millions ; aujourd’hui ils se réduisent en réalité à 266 millions ; en ajoutant 69 millions pour l’exercice de 1843 et 25 millions pour celui de 1844, on a un total de 360 millions pour les découverts des cinq exercices de 1840 à 1844. On voit qu’il y a eu une amélioration de 106 millions sur les trois premiers exercices. Cette situation peut encore s’améliorer, Évidemment l’évaluation pour l’exercice de 1844 ne peut être que conjecturale. Aussi M. le ministre répète-t-il avec plus de confiance encore qu’il ne le disait il y a un an, qu’après 1846 les réserves