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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 5.djvu/52

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REVUE DES DEUX MONDES.

D’après M. Léon Leconte, du port de Taramindo au lac de Leon, il n’y aurait en ligne droite que 3 lieues, soit 13 à 14 kilomètres.

L’élévation du lac de Leon au-dessus du lac de Niaragua paraît être de 8 mètres 74 centimètres[1] ce qui le suppose à 47 mètres 86 centimètres au-dessus de l’Océan. Cette différence de niveau pourrait se racheter par 15 écluses, en supposant qu’un jour des barrages accompagnés d’écluses dussent être établis de distance en distance tout le long du fleuve San-Juan et de la rivière Tipitapa. On voit que, même en remontant jusqu’au lac de Leon, le canal des deux océans ne requerrait que trente écluses, en admettant, il est vrai, que du lac de Leon à Realejo ou à quelque autre port de la même côte le terrain permît d’ouvrir un canal qui prît ses eaux dans le lac lui même, et par conséquent ne s’élevât jamais au-dessus du niveau du lac. C’est ce qu’on a pu faire sans souterrain sur un canal célèbre dans les fastes des travaux publics, le canal Érié. En quittant le lac Érié, il se déploie à ciel ouvert et même sans tranchée bien profonde, d’abord au niveau du lac, puis à un niveau inférieur, et emprunte au lac les eaux dont il a besoin pour l’espace extraordinaire de 256 kilomètres. Sur le reste de son parcours, il puise à d’autres sources. Mais la plage du lac de Leon se présente-t-elle dans des circonstances aussi exceptionnellement avantageuses ? Nous ne savons ; il n’y a cependant pas lieu d’en désespérer.

Il ne s’agit pas seulement de parvenir en canal jusqu’à la mer du Sud pour que le problème soit complètement résolu, il faut encore trouver là un bon port. Celui de San-Juan du Sud, du voisinage duquel était parti M. Bailey, et qui s’indiquait naturellement, est-il bon ou seulement passable ? Sur ce point, on n’est pas d’accord. Les uns le représentent comme une rade foraine, les autres comme un excellent mouillage. Cependant M. Bailey et M. Stephens, qui sont les derniers explorateurs venus dans le pays, s’accordent à en faire l’éloge. M. Stephens le trouve fort bien abrité, et M. Bailey, qui l’a sondé, l’a reconnu d’une grande profondeur. Il est bordé de rochers à pic contre lesquels les navires peuvent mouiller en sûreté[2],

  1. D’après M. Stephens, telle serait la pente du Tipitapa sur les dix premiers kilomètres à partir du lac de Leon. M. Léon Leconte considère cette pente comme celle du cours entier de la rivière.
  2. Un marin expérimenté, M. d’Yriarte, qui a beaucoup parcouru ces parages, certifiait à M. Stephens que les vents du nord, qui de novembre à mai sont dominans sur le lac de Nicaragua et le golfe de Papagayo, ont une telle violence, qu’ils empêcheraient un navire d’entrer dans le port ; mais cet obstacle ne pourrait-il pas