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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 6.djvu/732

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REVUE DES DEUX MONDES.

J’ai achevé ce que je voulais indiquer dans cette note, et n’ai plus qu’à me résumer en peu de mots.

Prenant les chances, quelque éloignées qu’elles soient, d’une guerre avec l’Angleterre, comme base de notre établissement naval, j’ai dit que je pensais qu’on pouvait le définir ainsi :

Puissante organisation et développement de notre marine à vapeur sur nos côtes et dans la Méditerranée ;

Établissement de croisières fortes et bien entendues sur tous les points du globe où, en paix, notre commerce a des intérêts, où, en guerre, nous pourrions agir avec avantage.

Pour réaliser la première partie de ce que je demande, il faut arrêter au plus vite le courant malheureux qui entraîne la marine dans des dépenses inutiles de matériel et d’établissements sans proportion avec ses besoins, aux dépens de la flotte, expression réelle et vivante de notre force navale.

Ceci nous donnera les moyens de subvenir aux dépenses vraiment nécessaires.

Il faut ensuite retirer notre confiance aux vaisseaux, et nous appliquer à étudier et perfectionner nos bateaux à vapeur ; les essayer surtout, avant d’en jeter un grand nombre dans le même moule, ce qui, en cas de non réussite, amène des mécomptes dont nous n’avons vu que trop d’exemples.

Faire à chaque service sa part.

Entretenir une escadre d’au moins vingt bateaux à vapeur installés pour la guerre. Livrer à cette escadre l’étude de la tactique à rédiger pour une flotte à vapeur.

Assigner au service de paquebots d’Alger une part suffisante, mais rigoureusement limitée, comme on l’a fait pour le service du Levant. Les besoins de la guerre ne sont pas tellement impérieux en Afrique qu’il faille y sacrifier toutes les ressources de la marine et toute idée d’ordre et d’économie. La marine pourrait se débarrasser avantageusement de ses bateaux de 160 chevaux en les donnant comme frais d’établissement à ce premier service.

Créer un certain nombre de navires à vapeur légers, où tout serait sacrifié à la vitesse, pour porter les ordres du gouvernement.

Enfin, tenir vingt-deux frégates de premier rang au moins armées pour le service des stations lointaines.

À part les frais de création des navires, les dépenses d’entretien ne dépasseraient pas celles de notre flotte actuelle. Avec une marine ainsi organisée, nous serions en mesure de résister à toute prétention