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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 6.djvu/89

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SUPPRESSION DE LA SOCIÉTÉ DE JÉSUS.

ils ont essayé de calmer, par une prudente réserve, ces craintes bien ou mal fondées, mais vives, persistantes, tranchons le mot, invincibles ! Nous en avons un exemple frappant dans ce récit. Faute de consentir à une réforme non-seulement modérée, mais presque illusoire, ils ont été bannis de France. Incapable de se subordonner aux intérêts généraux du catholicisme, incapable surtout de comprendre qu’entre elle et la religion il n’y a d’autre solidarité que celle du péril, la société, par sa résistance, a failli jeter dans le schisme les cours du Midi, et a rempli d’amertume la vie et la mort de Clément XIV. Toutefois, qu’on ne se méprenne pas sur notre pensée. Cet exposé de faits authentiques n’est point un réquisitoire ; nous n’accusons personne ; nous ne cherchons pas à expliquer des mystères impénétrables. La mort a des secrets qu’il faut savoir respecter. Nous nous bornons à répéter, avec l’infortuné Ganganelli, dans son bref de suppression, « que les divisions, les troubles, ont été élevés par la société de Jésus, non-seulement dans son sein, mais encore entre les autres ordres réguliers, le clergé séculier, les académies, les universités, les colléges,… et que les membres de cette compagnie n’ont pas peu troublé la république chrétienne. »


Cte Alexis de Saint-Priest.