Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
ÉTAT POLITIQUE ET MORAL DU BRÉSIL.

dèle aux Brésiliens, et leur enseigner un mode d’exploitation plus avantageux. Malheureusement le propriétaire ne sait pas chercher, par son industrie, par des connaissances faciles, à améliorer ses produits ; il persiste dans sa voie routinière, au lieu de suppléer, par l’emploi de machines, aux bras, qui commencent à manquer ; quelquefois seulement il s’abandonne à de longues récriminations contre le gouvernement, qu’il rend responsable de ce que ses produits de mauvaise qualité sont repoussés par les acheteurs. Sans doute le gouvernement est coupable de ne pas mieux comprendre les intérêts matériels du pays, de ne pas protéger plus activement l’exploitation des richesses nationales ; mais les fautes du gouvernement ne peuvent servir à justifier l’ignorance et l’aveuglement des producteurs.

L’industrie manufacturière fait, au dire des Brésiliens, de grands progrès. Déjà on fabrique du savon, du papier et de la sellerie commune. Une fabrique de cristaux avait été établie à Rio-Janeiro, la mauvaise qualité de ses produits les fit repousser par les consommateurs. Le gouvernement, intéressé au succès, vient d’accorder un privilége exclusif pour quinze ans à tous les produits de cette fabrique. La concurrence n’étant plus à redouter, la nouvelle manufacture trouvera naturellement la vente de ses marchandises défectueuses. Malgré ces tentatives et les prétentions des Brésiliens, on peut dire que leur industrie manufacturière est encore dans l’enfance.

La mauvaise exploitation des richesses du sol se traduit en résultats déplorables, quand on examine la situation financière et commerciale du Brésil. Les droits prélevés sur le commerce, tant à l’importation qu’à l’exportation, forment la presque totalité des revenus de l’empire[1]. Le système suivi par les chambres et par les différens ministères a toujours été d’augmenter les droits. Comme il n’y a, malgré les essais dont nous avons parlé, aucune fabrique importante au Brésil, les tissus les plus communs doivent être vendus à des prix élevés, et les classes inférieures supportent en réalité tout le fardeau de l’augmentation des droits, car le négociant qui livre sa marchandise doit toujours réaliser un bénéfice. Cette augmentation des droits entraîne un redoublement de sévérité vis-à-vis des négocians et des capitaines

  1. Le revenu total de l’importation a été, de 1840 à 1841, de 11,863,046,000 reis ; en calculant le change à 350 reis par franc, cela fait, en moyenne pour l’année, 33,894,525 francs. En 1841, l’exportation s’est élevée au niveau de l’importation ; toutes deux ont atteint le chiffre de 105,000,000 de francs. — On peut porter les droits d’importation sur toutes les marchandises à 20 pour 100, et à 10 pour 100 les droits d’exportation.