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résultat, il faut nécessairement admettre qu’en sortant de terre à l’état liquide, ces laves se sont épanchées sur une surface plane et à peu près : horizontale, où elles ont pu se refroidir et se solidifier à loisir. Et pourtant aujourd’hui leurs couches sont fortement inclinées. Des bords du Piano del Lago, elles s’abaissent et viennent s’enfoncer sous le tuf de l’Etna, non loin du village de Milo. Bien plus, dans ce long trajet, elles présentent des ondulations, des différences d’inclinaison très fortes. Presque horizontales à la Recta del Solfizio, elles prennent sous la Montagnuola une pente de 17 degrés ; elles se rapprochent de l’horizontale sur les flancs du mont Zoccolaro, qui forme l’enceinte méridionale du val, pour s’infléchir brusquement et prendre une forte inclinaison près de la Porta di Callana, une des issues orientales du Val del Bove. Sur quelques points, cette inclinaison des couches atteint jusqu’à 99 et 30 degrés. Si les laves dont elles sont formées eussent coulé sur des surfaces aussi accidentées, elles devraient nécessairement présenter elle-même et dans leur mode d’agrégation et dans leur épaisseur des variations considérables. Or, nous l’avons dit plus haut, la régularité, le parallélisme de leurs couches ne se dément jamais. Toutes ces assises s’élèvent ou s’abaissent à la fois, comme le feraient les feuillets d’un cahier qu’on plierait en même temps. On est donc conduit à admettre qu’à l’époque de leur formation, le sol présentait une configuration très différente de celle qu’on observe aujourd’hui.

Un fait plus frappant encore vient confirmer cette conclusion. Les parois du Val de Bove ne sont pas formées seulement par ces longues assises dont nous avons parlé : un nombre immense de filons, d’un dia mètre variable, les coupe de bas en haut, sous des angles très divers. Ces filons sont composés de la même roche que les assises, et plusieurs d’entre eux, en s’articulant A se continuant avec ces dernières, nous indiquent clairement quelle est leur nature propre. Il est évident que, ce sont autant de fentes par où les laves s’échappaient jadis, et qui sont restées remplies par la matière qu’elles dégorgaient au dehors. Eh bien ! lorsqu’on examine un de ces filons aboutissant à une coulée sur le milieu d’une pente même très rapide, on voit que la coulée se continue au-dessus aussi bien qu’au-dessous du point par où s’épanchait la matière liquide, sans présenter la moindre irrégularité. Quel que soit le nombre de ces filons, les assises ne sont pas plus épaisses dans le bas : de la vallée qu’au niveau des Serre del Solftzio. Il suit de là que si, à l’époque de la formation de ces assises, le sol avait présenté les accidens qu’on y voit aujourd’hui, la lave, au lieu de s’écouler tout entière vers la base du volcan, serait en partie remontée vers le sommet, contrairement aux lois de la pesanteur, conséquence qu’il est inutile de réfuter. Tous ces faits, au contraire, s’expliquent très naturellement, en admet, tant, comme nous l’avons fait plus haut, qu’au moment de l’émission