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purement et simplement la suppression de cet article, s’il n’était pas convenable qu’il y eût un certain rapport de traitement entre ces deux marchandises de même nature, les viandes et les bestiaux.

Le droit sur la viande fraîche de boucherie est actuellement de 18 fr. les 100 kilogrammes : en 1845, il a produit 9,078 francs. Le droit sur la viande salée est, pour le porc, de 33 francs, et pour la viande de boucherie, de 30 francs ; la recette a été, en 1845, pour le premier de ces articles, de 40,520 francs, et pour le second, de 3,477 francs. Ces trois articles réunis, en y ajoutant même la viande fraîche de gibier et de volaille, n’ont donc produit en tout au trésor qu’environ 53,000 francs ; c’est dire assez que, sous le régime actuel, l’importation est presque nulle. Croira-t-on que, dans un pays tel que la France, qui compte une population de 36,000,000 d’ames, où la viande est si rare, où l’on se plaint sans cesse, et avec raison, que le peuple en consomme trop peu, l’importation pour notre usage de la viande de boucherie, tant fraîche que salée, ne s’est pas élevée en tout, en 1845, à plus de 52,000 kilog. ? Pour juger de toute l’insignifiance de cette importation, il suffit de la comparer à celle de la viande de gibier ou de volaille, consommation de luxe, qui a été plus de trois fois plus forte, puisqu’elle s’est élevée, dans la même année, à 179,860 kilogrammes. Un tel état de choses est à la fois un malheur et un scandale. L’importation de la viande salée de porc, bien qu’un peu plus élevée (121,467 kilogrammes en 1845) est encore insignifiante eu égard à nos besoins. Ce sont là des chiffres ridicules pour un pays tel que le nôtre. Ils témoignent d’une tension très violente dans le tarif : s’il faut le dire, ils accusent aussi dans ceux qui font les lois bien peu de souci pour les besoins des masses. Nous proposerons de réduire les droits sur ces articles pour le moins des cinq sixièmes, et, afin d’éviter des complications inutiles dans le tarif, nous les ramènerons tous, sans distinction des espèces de viandes, au taux uniforme de 5 francs les 100 kilogrammes. Avec un tel droit, l’importation s’élèverait à un chiffre respectable, c’est-à-dire dix, quinze ou vingt fois plus fort que le chiffre actuel, et ce serait encore trop peu. Les recettes de la douane augmenteraient donc plutôt qu’elles ne diminueraient. Nous supposerons pour abréger, et en restant au-dessous des résultats probables, que la recette sur ces articles serait seulement doublée, ce qui ne ferait encore qu’un peu plus de 100,000 fr. par an.

Sur les peaux brutes, les droits ne sont pas en général très élevés, mais l’assiette en est fort inégale, et le tarif est en outre trop compliqué. Il distingue d’abord les peaux en deux classes, selon qu’elles sont fraîches ou sèches. Dans chacune de ces classes, il distingue encore les grandes peaux des petites, c’est-à-dire celles des bêtes à cornes de toutes les autres. Dans les petites, il sépare les peaux de moutons et de brebis des peaux d’agneaux, les unes et les autres des peaux de chevreaux.