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À l’exception des bas-reliefs mosaïques de M. Triqueti et du bas-relief de M. Klagman, représentant des Enfans qui tiennent les attributs de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, aucun morceau de ce genre ne nous a vivement frappé. Le bas-relief semble s’être réfugié dans le médaillon, qu’il torture étrangement, ou sur les parois du vase. C’est ainsi que M.Walcher a décoré de bas-reliefs circulaires représentant la culture de la vigne et des groupes de buveurs, espèces de bambochades sculptées, un modèle de vase dont le galbe pourrait être plus heureux. M. Vechte, qui travaille si merveilleusement l’argent, a représenté sur un intérieur de coupe l’Harmonie dans l’Olympe. Ce morceau, quoique moins important, n’est pas indigne de son grand vase de l’an dernier, ce chef-d’œuvre de repoussage. Souhaitons que la fortune publique se relève, et que le luxe nécessaire aux grands états et le père nourricier des arts permette à M. Vechte de donner à son beau talent tout le développement qu’il comporte.

Les médaillons et les projets de médailles sont nombreux. Parmi les artistes qui s’exercent dans ce genre, nous devons signaler MM. Oudiné, Vauthier-Galle, Farochon, Borrel, Calmelz, Dantzell et Pingret. Enfin, pour ne rien oublier, nous mentionnerons les repoussages et ciselures en acier et en argent de MM. Chanuel et Briet, qui tiennent à la fois de l’art et de l’industrie.

On a dit avec raison qu’il y avait autant de genres de peinture que de genres de poésie. Les aquarelles et les dessins au pastel et au fusin peuvent être comparés aux ouvrages légers ou de courte haleine. Les dessins, les aquarelles et les pastels d’aujourd’hui sont à ceux d’autrefois ce que leurs analogues en poésie sont aux pièces fugitives du dernier siècle, c’est-à-dire que dans une foule d’essais des plus variés, au milieu de fantaisies charmantes, toujours brillamment colorées, on découvre parfois un trait vigoureusement accusé, une vue de la nature singulièrement naïve et profonde, un cadre heureux et qui, sous une apparence de vulgaire réalité, accuse des tendances morales très relevées. Cela prouverait une fois de plus que, dans l’art, il n’y a pas de genre qu’on puisse tout-à-fait dédaigner. Le pastel et l’aquarelle, tels qu’on les traite aujourd’hui, exigent presque autant d’étude, une dépense d’imagination aussi considérable, une science du dessin et de la perspective aussi réelle, des détails, sinon aussi précis, du moins aussi délicats et d’une réalité aussi frappante que ce qu’on est convenu d’appeler la grande peinture. Ce qui est certain, c’est que, dans les arts, du moment qu’on réussit, qu’on est original et qu’on prime dans son genre, on est grand artiste. Telle eau-forte de Rembrandt, telle aquarelle de M. Decamps valent mieux qu’une toile de quarante pieds de Solimène, de Pietre de Cortone ou de tel peintre contemporain.

L’admission de tout ce qui avait été présenté cette année au Salon