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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 22.djvu/624

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La cour ne modère rien et fait la sourde oreille, mais l’échevinage ne se rebute pas. Il ordonne que :


« Sera demandé rabais et diminution de 4,800 livres tournois demandées par le roi pour le paiement de deux cents hommes de guerre à pied. »


Bientôt la ville, pour prouver au monarque qu’elle n’a point de mauvaise volonté, fait son budget et le lui envoie. C’est une des pièces de statistique historique les plus curieuses de l’époque, où les améliorations du régime municipal pendant le XVIe siècle se révèlent clairement. Un collége est institué, des régens sont payés et logés, les comptes sont tenus avec assez de précision et d’exactitude pour qu’on sache ce que coûte « le bonnet du sergent ; » enfin, si le roi obtient 2,000 livres tournois de la ville, elle a soin de consigner que c’est par « commission et contrainte. » Mais revenons au collége.

Ce ne fut pas chose aisée que de l’établir. En 1437, les procureurs de la ville commencèrent à conférer officiellement sur ce sujet. En 1536 seulement, on commença à payer régulièrement le nommé Hervé, maître régent des écoles de la ville, qui reçut 30 livres tournois « pour son entretenement et celui de ses régens. » Grace aux exactions, la ville était bien pauvre. Comme on ne payait jamais le loyer de la maison où se réunissaient les enfans, un procès s’éleva entre M. Hervé et Arthur Deffreux, propriétaire : le prévôt dut condamner les habitans de Chartres à paver le demandeur. Un prêtre, Jean Leloup, succéda à Hervé ; dès l’année 1542, les deniers réclamés par François Ier obéraient la ville qui, deux ans plus tard, supprima les gages des régens. En 1544 ; il fut signifié à maître Jean Leloup de quitter la maison où il demeurait, « attendu que la ville ne pouvait dorénavant payer la ferme d’icelle et entretenir ledit collége ; » ce qui n’arrêta pas un nouveau procès intenté par la veuve du propriétaire, puis un autre de Jean Lelong pour le paiement de ses gages. Les Chartrains sont têtus. Plus tard ils revinrent encore sur cette question importante, et proposèrent de « bailleret conférer une prébende de l’église de Chartres à un précepteur qui seroit nommé et élu suivant l’édit du roy ; » après bien des contestations entre MM. du chapitre et MM. les échevins, à travers des difficultés toujours renaissantes et des incidens toujours litigieux, on posa les fondemens d’un collège. Le 26 août 1560, l’évêque de Chartres envoya aux échevins la collation d’une prébende pour l’entretien d’un précepteur : on nomma régent le sieur Guillaume Malherbault, principal du collége de justice de la ville de Paris ; enfin des lettres latentes du roi autorisèrent les échevins à lever sur la vile une somme de 6,000 livres pour l’achat d’une maison. Cet impôt ne fut pas levé, grace à la donation faite par le sieur Pucquet et sa femme d’une maison pour