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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 22.djvu/878

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que, dès à présent, le bénéfice obtenu ne serait pas à dédaigner. Il est vrai que cette recette de 41 millions, que nous avons trouvée sur les fabrications, ne serait pas durable. Après un ou deux ans au plus, elle tendrait à s’atténuer de jour en jour, parce que nos fabriques indigènes, favorisées par le bas prix des matières premières et bientôt exercées à la lutte, triompheraient facilement, après quelque temps d’épreuve, de la concurrence étrangère, et qu’en conséquence l’importation diminuerait. Pour nourrir cette importation et la maintenir à son premier niveau, il faudrait en venir bientôt, ainsi que nous l’avons déjà dit, à faire de nouvelles réductions graduelles sur les droits, et, de toutes les façons, les recettes du trésor s’affaibliraient ; mais il nous suffirait que ces recettes s’élevassent une fois au chiffre que nous avons posé, car, à mesure qu’elles s’affaibliraient dans la suite, on verrait s’ouvrir plus largement les véritables sources où le trésor doit puiser nous voulons parler de l’importation des denrées coloniales.


VIII.
DENREES COLONIALES OU EXOTIQUES

Quelque brillans que soient les résultats qui précèdent, nous l’avons déjà dit, et nous éprouvons le besoin de le répéter encore, quand on voudra que la douane devienne pour le trésor public une source de revenu aussi abondante qu’irréprochable, c’est aux produits exotiques qu’il faudra s’attacher. Sur tous les autres articles, le système fiscal est en défaut. S’agit-il des produits naturels dont le pays possède les similaires, les droits qui en frappent l’importation à la frontière ont le tort irrémédiable d’en faire hausser le prix à l’intérieur, de manière que la taxe perçue au profit de l’état s’aggrave de tout le poids de l’impôt prélevé au profit du monopole : système déplorable, désastreux, au terme duquel est l’appauvrissement du trésor public et la ruine du pays. S’agit-il des produits manufacturés, de quelque manière que l’on établisse l’échelle des droits, pourvu que l’industrie nationale soit mise en mesure de travailler aux mêmes conditions que l’industrie étrangère, le revenu public tend naturellement à décroître de jour en jour par la décroissance continue de l’importation. Dans le premier cas, les recettes obtenues par la douane coûtent trop cher au pays ; dans le second cas, elles échappent peu à peu, à moins que vous ne déprimiez la manufacture indigène, comme on le fait malheureusement en France, en élevant d’une manière artificielle le prix de toutes les matières premières qu’elle net en œuvre. Il faut donc toujours en revenir aux produits exotiques, comme formant l’unique source de revenus où la douane puisse puiser sans scrupule et qui ne faiblisse jamais.