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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/1088

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L'EMPIRE DU BRESIL


ET


LA SOCIETE BRESILIENNE EN 1850.




I

Le Brésil est, après les États-Unis, la puissance la plus régulièrement organisée du Nouveau-Monde. La France connaît-elle bien cependant ce jeune empire ? Avons-nous une idée exacte des ressources variées, des élémens de prospérité qu’il renferme, et auxquels l’émigration européenne, qui de plus en plus se porte vers l’Amérique, semble promettre un si rapide développement ? Les voyageurs français qui, à de longs intervalles, ont parcouru le Brésil pouvaient-ils donc en quelques mois observer autrement qu’à la surface, et non toujours sans malveillance, une société qui se dérobe avec un soin jaloux à leur curiosité ? Non sans doute, et pourquoi s’étonner que l’on juge sévèrement un pays où l’étranger ne voit souvent tomber qu’après plusieurs années de séjour les barrières qui le séparent des familles et qui l’empêchent de pénétrer dans l’intimité des habitans ? C’est à celui qui a pu surmonter, ces obstacles, multipliés par une défiance peut-être légitime, qu’il appartient de chercher à répandre quelque lumière sur un monde si peu accessible et pourtant si digne d’attention. Il y aurait quelque intérêt de nouveauté dans un tableau où l’on réunirait les traits principaux de la population gouvernée aujourd’hui par dom Pedro II, en essayant de préciser le rôle que ses qualités morales lui assignent vis-à-vis de l’Amérique du Sud, et que ses intérêts politiques l’appellent à prendre vis-à-vis de l’Europe.