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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/650

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présente maintenant un savant qui, vers le commencement du Ve siècle de l’hégire, XIe de notre ère, exécuta d’immenses travaux. Ce savant est Abou Iryban Mohammed, dit Albyrouny, parce qu’il tirait sans doute son origine de la ville de Byroun, sur les bords de l’Indus. Sa jeunesse s’écoula dans la ville de Kharizm, dont le souverain était passionné pour les lettres et les sciences. C’est là qu’il connut le célèbre Avicenne, avec lequel il ne cessa d’entretenir des liaisons. Ses études avaient embrassé le système entier des connaissances humaines : philosophie, mathématiques, chronologie, médecine, rien n’avait échappé à son désir d’apprendre ; il parait même qu’il lisait les livres grecs dans le texte original. Le sultan Mahmoud le Gaznévide, se disposant, vers cette époque, à franchir l’Indus, pour envahir la terre sacrée des brahmanes, s’adjoignit des hommes instruits auxquels il voulait fournir l’occasion d’étudier les doctrines indiennes. Albyrouny suivit ce prince dans son expédition, et pénétra, probablement avec lui jusqu’à Mathoura et Canoge, sur les bords de la Djomna et du Gange. Son séjour dans l’Inde, où il apprit la langue sanskrite, nous a valu un tableau littéraire de cette contrée à l’époque où y pénétrèrent les armées musulmanes, travail très précieux pour les données historiques qu’il renferme. Un des ouvrages d’Albyrouny dont la perte est le plus regrettable est le Traité de géographie mathématique qu’il composa après la mort du sultan Mahmoud le Gaznévide, et qui résumait, comme on peut le conjecturer, ses écrits précédens ; il donna à ce livre le titre de Canon Maisoudy, parce qu’il l’avait dédié à Massoud, fils de Mahmoud. Aboulféda le cite souvent, et il salue l’auteur du titre d’Ostad, maître par excellence, pour tout ce qui concerne la longitude et la latitude, ainsi que la distance respective de lieux. Le calendrier usité en Perse quelque temps après l’invasion musulmane, et qui avait cessé de concorder avec l’état du ciel, fut réformé sur la fin du XIe siècle par un astronome appelé Omar, fils d’Ibrahim, et surnommé Alheyam, ou le faiseur de tentes, probablement parce que telle avait été la profession de l’un de ses ancêtres. Omar avait été le condisciple de Nizam el Mulk, qui plus tard devint le vizir tout puissant du sultan seljoukide de Perse, Mélek-Schah. Ce ministre éclairé confia à Omar la direction de l’observatoire qu’il avait fondé et le chargea de présider à la révision du calendrier. Celui qui fut le résultat de cette élaboration, et qui a paru à quelques savans supérieur à notre calendrier actuel, fut appelé Aldjélaly ou le Gelaléen, du titre Djelal-eddin ou honneur de la religion, que portait le sultan ; mais Omar, ami du plaisir et de la poésie ne paraît pas avoir attaché beaucoup de prix à ses travaux astronomiques, qui se sont perdus.

La révolution et les désordres qui, à partir du XIe siècle, agitèrent l’empire des Abbassides envahi par1es peuples barbares sortis de l’Asie centrale, l’état de faiblesse et d’avilissement dans lequel était tombé le khalifat, dominé au sein même de sa capitale par les milices turkes, qu’il appelait pour le protéger, durent porter un coup fatal aux études dont Bagdad avait été jusque là le foyer, et d’où elles rayonnaient dans les différentes parties du monde musulman. Dans le XIIIe siècle, les provinces orientales de la Perse, le Kharizm, la Tansoxiane, qui avaient produit tant de mathématiciens et d’astronomes éminens, furent occupées et ravagées par les Mongols de Tehinguiz-Khan. Quelques