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le 29 septembre 1833, donna le signal des hostilités. Pendant qu’on couronnait en toute hâte à Madrid la jeune Isabelle II, don Carlos, frère du roi défunt, retiré en Portugal auprès de son beau frère don Miguel, lançait sur l’Espagne sa proclamation de prétendant, et ce manifeste, répandu à travers les provinces comme une traînée de poudre, amena aussitôt une explosion générale. Huit jours après, l’étendard de l’insurrection flottait sur toutes les montagnes en deçà de l’Èbre. Vint mille volontaires de la Biscaye et de l’Alava, commandés par les brigadiers Zavala et Urangua, étaient accourus à Bilbao et à Vittoria se ranger sous les ordres de Valdespina : et de Verastégui. Le général Santos Ladron, que son grade militaire et la considération dont il jouissait dans les provinces désignaient comme chef de l’insurrection, venait également de soulever dans la Navarre tout le riche bassin qui s’étend de la région des montagnes d’Estella jusqu’à l’Èbre et qu’on nomme la Ribera ou bassin de Navarre.

Cependant cette première levée de boucliers devait avoir une fin malheureuse et tragique. Au moment où le vieux et habile général Saarsfield s’avançait contre l’insurrection à la tête d’un corps d’armée, le brigadier Lorenzo sortait de Pampelune avec sept ou huit cents hommes à la rencontre de Santos Ladron. Il le trouva une première fois en arrière d’Estella ; mais l’Arga, grossie par les pluies, séparait les combattans. Santos Ladron se retira à Los Arcos, après avoir commis l’imprudence de diviser ses forces, en envoyant son lieutenant Iturralde à Lodosa avec un fort détachement. Le lendemain, il commettait une imprudence plus grande encore, en offrant le combat à Lorenzo avec des volontaires mal armés, point exercés et moitié moins nombreux que leurs adversaires. Aussi, ces volontaires ne songèrent ils même pas à se défendre, et Santos Ladron, hébété ou pris de vertige se précipita, lui douzième, au devant des christinos, qui le firent prisonnier. Santos Ladron pris, l’insurrection n’avait plus de tête, et les nombreuses bandes qui venaient la grossir se dispersèrent, les Navarrais dans les montagnes d’Estella, sous la conduite d’Iturralde, les Castillans à Logrono, où ils s’enfermèrent, sous le commandement de Garcia.

Après Santos Ladron, le seul homme sur lequel comptât l’insurrection était Eraso, ancien colonel des carabiniers de Navarre, licenciés après 1830 ; mais Eraso était en ce moment retenu prisonnier par le gouvernement français lié le 15 octobre 1833 dans les fossés de Pampelune, empêcha seule les volontaires elle d’Iturralde de se débander pour rentrer dans leurs villages. La nouvelle de cette mort tragique causa une sensation profonde dans toute la Navarre : elle réveilla les haines, arma les vengeances, ameuta les intérêts. Tous les hommes que leurs opinions carlistes mettaient en évidence,