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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/700

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vingt-cinq bataillons qui s’étaient réfugiés à Estella, Cordova put à peine réunir assez d’hommes et former sept bataillons pour aller le lendemain dégager la brigade Mendez-Vigo, qui s’était retranches à Abarzuza au nombre de quinze cents hommes.

Si la défaite d’Artaza était peu de chose comme résultat matériel, puisqu’il n’y eut pas huit cents morts des deux côtes, elle pesa énormément sur les christinos comme résultat moral. C’était l’écroulement des plans militaires de Valdès, sa déconsidération comme général, et la démoralisation dans son armée. À coup sûr, si Valdès eût essayé de prendre sa revanche, ses soldats auraient refuse de se battre, tant était profonde en ce moment la terreur que leur inspirait le nom de Zumalacarregui. Les conséquences de l’affaire d’Artaza furent graves. Valdès évacuait deux jours après Estella, disséminant son armée dans les places fortifiées de la Ribera et transportant lui-même son quartier général derrière l’Èbre, à Logroño. Il envoya l’ordre également à ses autres divisions de se concentrer le plus possible dans les villes de guerre, et de détruire, en les évacuant, les postes intermédiaires. Sans cette concentration des divisions, l’armée de la reine eût couru grand risque d’être détruite en détail, car après l’affaire d’Artaza presque toutes les garnisons qui ne se conformèrent point à l’ordre d » Valdès tombèrent successivement aux mains de l’ennemi. Quant aux carlistes, leur confiance dans le succès s’accrut à ce point, qu’ils prirent partout l’offensive contre les christinos déconcertés. Les lieutenans de Zumala en Biscaye, Gomez et Saraza, battirent le général Iriarte ; Sagastibelza détruisit presque entièrement au col de Belate ; la division d’Oraa ; qui évacuait le Bastan suivant l’ordre de Valdès.

Cependant Zumalacarregui ne s’endormait pas dans, ses victoires. Profitant de l’abattement dans lequel il voyait les ennemis, il porta des coups qu’il n’aurait pas hasardés en temps ordinaire, avec le peu de moyens matériels dont il disposait. C’est ainsi qu’aux environs même de Pampelune il osa attaquer le fort d’Irurzun, qui commande les deux routes de Tolosa et de Vittoria, sans autre artillerie qu’un vieux canon qu’on nommait par dérision l’aïeul. N’ayant pas réussi sur ce point, il se porta trois jours après contre la place de Tréviño, sur la route de Vittoria à l’Èbre. La possession de Tréviño importait aux carlistes, surtout dans le cas d’une expédition sur Madrid. Après avoir demantelé le fort et enlevé l’artillerie qui s’y trouvait, Zumalacarregui chercha pendant quelques jours quelle garnison il pourrait attaquer avec avantage. Zumalacarregui se décida enfin pour le fort de Villafranca, qui commande la route de Tolosa à Vittoria. La garnison était forte, bien pourvue de vivres et d’artillerie ; elle résistait depuis six jours, espérant d’ailleurs être secourue. En effet Jauregui s’était avancé jusqu’à Tolosa, et. Espartero, à la tête de forces imposantes, arrivait