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monticules, commencées autrefois sans résultat par M. Botta, avaient été reprises depuis par les Anglais avec un singulier succès ; il fallait s’inspirer de cet exemple. À la vue de ces travaux vraiment gigantesques, de ces profondes tranchées pénétrant au centre même, du monticule de Kouyoundjerk, et qui, après plus d’une année de travail, ont enfin amené l’exhumation d’un palais aussi merveilleux peut-être que celui de klorsabad, le consul de France comprit que la suite et la persistance étaient la première vertu de l’explorateur. Il se promit d’imiter en cela l’exemple que lui donnaient ces agens rivaux, et de ne se laisser rebuter par aucune tentative, quelque infructueuse qu’elle parût au premier abord. On verra combien cette louable ténacité lui a été profitable : M. de Longueville, qui avait géré le consulat de Mossoul pendant les deux années précédentes, el le père Marchi, supérieur des dominicains, qui avait assisté aux travaux de M. Botta, purent de leur côté bien renseigner notre agent. Dès son arrivée à Mossoul, le nouveau consul s’était mis d’ailleurs en rapport avec M. le colonel Rawlinson, consul général d’Angleterre à Bagdad, si connu par ses découvertes et ses travaux sur les écritures cunéiformes. Tous deux, reconnaissant que le résultat de leurs travaux communs devait en définitive profiter à la science, étaient loyalement convenus d’écarter toute idée de fâcheuse concurrence, toute étroite et stérile rivalité, et de s’entr’aider réciproquement dans leurs recherches. Depuis, ces bonnes relations, cet échange de communications intéressantes se sont continués sans interruption.

La plupart des découvertes faites jusqu’à ce jour en Assyrie par M. Botta et les missions anglaises l’ont été dans des conditions analogues. Comme le font encore de nos jours les princes orientaux, les chefs de cette grande nation qui habitait les vastes plaines arrosées par le Tigre et l’Euphrate se construisaient, chacun après son avènement au trône, un palais où ils se tenaient de préférence. L’emplacement choisi était une éminence naturelle ou un simple renflement de la plaine voisin d’un ruisseau. Sur cette base s’étageaient de vastes constructions, de spacieuses terrasses en briques crues noyées dans un lit de bitume alternant avec des couches de sable. Le palais décorait le faite de ces collines artificielles. Il n’est donc pas surprenant qu’on rencontre aujourd’hui, dans la plupart des monticules qui s’élèvent aux environs de Mossoul, les ruines d’édifices analogues, caractérisées néanmoins par certaines différences que nous signalerons plus tard. Ces palais bâtis à grands frais occupaient un emplacement considérable, comme nous le prouvent les fouilles de Khorsabad, du Kouyoundjeck et de Nimroud. La pierre formait, avec les briques cuites ou crues, le premier étage de ces constructions, dont la brique crue, ou même tout simplement l’argile battue, composaient les étages