Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DU


TRADITIONALISME





DEUXIEME PARTIE.
JOSEPH DE MAISTRE.





I. — Les Pouvoirs constitutifs de l’Église, par M. Bordas Demoulin, 1855.
II. — Essais sur ta Réforme catholique, par MM. Bordas Demoulin et F. Huet, 1836.





I.

Les lettres du comte de Maistre, publiées il y a quelques années, font mieux que ses livres juger son caractère. Le ton de ses écrits imprimés ne permettait guère de deviner qu’il fût aussi aimable, et ses lecteurs pour la plupart ignoraient ce que racontaient de lui ceux qui l’avaient connu. Considéré dans les relations de famille et du monde, il paraît avoir réuni tous les titres à l’affection comme au respect, et sa correspondance atteste combien son esprit ajoutait d’agrément à ses qualités sérieuses. Il y a de lui des lettres charmantes; celles qu’il adresse à sa fille le sont toutes. Il y règne une sorte de coquetterie paternelle qui n’ôte rien à la tendresse, un sentiment sincère, s’il n’est toujours naturel, une bonne grâce qui plaît, si elle ne touche pas vivement. Dans les autres lettres, l’écrivain montre généralement beaucoup d’élévation personnelle, souvent de la bienveillance et même de l’équité, l’une et l’autre un peu capricieuses, une envie de plaire un peu gâtée par le désir d’étonner, une véritable indépendance dans les jugemens et la conduite, enfin