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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/173

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DE LA
MONARCHIE REPRESENTATIVE
EN ITALIE

I.
CHARLES ALBERT ET CESAR BALBO



Le principal obstacle moral à une renaissance de l’Italie n’est pas sa faiblesse présente, mais plutôt sa grandeur passée. La mémoire des suprématies guerrières ou religieuses qui ont surgi de ce sol fécond et dominé le reste du monde exerce encore aujourd’hui sur les peuples italiens une sorte de fascination qui les rend immobiles. On devine des regrets dans leurs espérances ; ils se sont fait de leur merveilleuse histoire un rêve perpétuel et les préoccupations de la politique de chaque jour ne les ont jamais complètement éveillés. Au lieu de se sentir cheminer sur une ligne indéfinie, ils paraissent considérer la destinée du genre humain comme un cercle inégalement éclairé, dont ils désirent une nouvelle évolution pour retrouver des jours moins sombres. Les autres peuples ont leur physionomie propre, leur caractère déterminé ; l’idée qu’ils comportent est unique, et leur œuvre est circonscrite par les bornes de leur développement spécial. L’Italie au contraire a vu s’élever et mourir en elle les civilisations de toute l’Europe du passé, et les gloires dont a resplendi ce climat y ont laissé des tracés encore lumineuses. Les commotions qu’elle éprouve de nos jours sont en partie la vibration prolongée des secousses qui l’agitèrent dans les temps anciens.