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bon camarade, pas désagréable à voir, voilà tout. Pourtant elle appartient à un type que je n’aime pas, et je suis forcé de lui pardonner d’être blonde. Je n’aime les blondes qu’en peinture.

— Elle n’est pas déjà si blonde ! elle a les yeux d’un noir doux, des cheveux qui ne sont ni bruns ni blonds, et qu’elle arrange singulièrement. Au reste, ça lui va, elle a l’air d’un sphinx bon enfant.

— Le mot est joli, mais… vous aimez les grandes femmes, vous !

— Elle n’est pas très grande, elle a de petits pieds et de petites mains. C’est une vraie femme. Je l’ai bien regardée, puisque j’en suis amoureux.

— Tiens ! quelle idée vous avez là !

— Ça ne vous fait rien, puisqu’on tant que femme elle ne vous plaît pas ?

— Mon cher, elle me plairait que ce serait tout comme. Dans ce cas-là, je tâcherais d’être mieux avec elle que je ne suis ; mais je ne serais pas amoureux, c’est un état que je ne fais pas, par conséquent je ne serais pas jaloux. Poussez donc votre pointe, si bon vous semble.

— Moi ? oui, si je trouve l’occasion ; mais je n’ai pas le temps de la chercher, et au fond je suis comme vous, Laurent, parfaitement enclin à la patience, vu que je suis d’un âge et d’un monde où le plaisir ne manque pas… Mais, puisque nous parlons de cette femme-là, et que vous la connaissez, dites-moi donc… c’est pure curiosité de ma part, je vous le déclare, si elle est veuve ou…

— Ou quoi ?

— Je voulais dire si elle est veuve d’un amant ou d’un mari.

— Je n’en sais rien.

— Pas possible !

— Parole d’honneur, je ne le lui ai jamais demandé. Ça m’est si égal !

— Savez-vous ce qu’on dit ?

— Non, et je ne m’en soucie pas. Qu’est-ce qu’on dit ?

— Vous voyez bien que vous vous en souciez ! On dit qu’elle a été mariée à un homme riche et titré.

— Mariée…

— On ne peut plus mariée, par-devant M. le maire et M. le curé.

— Quelle bêtise ! elle porterait son nom et son titre !

— Ah ! voilà ! Il y a un mystère là-dessous. Quand j’aurai le temps, je chercherai ça, et je vous en ferai part. On dit qu’elle n’a pas d’amant connu, bien qu’elle vive avec une grande liberté. D’ailleurs vous devez savoir cela, vous ?