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LA
MARINE ET L’AGRICULTURE

IMPORTANCE DES PRODUITS AGRICOLES DANS LE FRET
DE NOTRE MARINE MARCHANDE.



Quiconque a visité l’un de nos ports de mer, le Havre, Marseille ou Bordeaux, aura été frappé de l’activité prodigieuse qui règne sur les quais et dans les bassins; mais, cette première impression de surprise dissipée, il est, dans ce mouvement si confus de marchandises de tous les pays, manœuvrées par des gens de toutes les nations, un fait qui n’échappe pas à l’observateur attentif : c’est le peu de volume des choses exportées relativement à la masse considérable de celles qu’on importe. On hisse de la profondeur des cales du sucre, du café, des tonnes d’indigo, des balles énormes de coton et de laine; on en extrait des monceaux de houille, des provisions de blé; on en retire, par des ouvertures latérales, du fer, des planches, des arbres entiers; mais on y descend à peine quelques tonneaux de vin ou d’eau-de-vie, des ballots peu volumineux de tissus avec un petit nombre de caisses contenant les produits de nos raffineries, de nos fabriques ou de nos ateliers. Bref, les navires quittent nos ports plus légers qu’ils n’y sont arrivés. Les documens que la douane publie chaque année sur notre commerce n’attestent que trop clairement ce fait. En 1857, par exemple, 1,321 navires sont sortis sur lest du Havre; c’est plus de la moitié du nombre total des navires partis de ce port. Parmi les bâtimens désignés comme pourvus d’une cargaison, beaucoup n’étaient certainement chargés qu’à moitié, au tiers, au quart, tandis que, sur 2,521 navires arrivés la même année, 36 seulement se sont présentés à vide.