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cie des gîtes exploitables, égale à six fois ce que l’on en connaissait en 1849, est évaluée à 11,000 milles carrés environ, sur lesquels 400 seulement sont occupés. Quant aux mines de quartz, elles sont réputées en quelque sorte inépuisables. C’est pourtant une extraction ainsi restreinte qui produit chaque année 300 millions de francs! Un fait important à noter, c’est que le nombre des mineurs a diminué à mesure que s’étendait la surface des fouilles. Beaucoup d’entre eux abandonnaient l’or pour l’agriculture, et la production métallique n’en augmentait pas moins par suite des perfectionnemens matériels qui y étaient apportés. Ainsi en 1852, année de transition entre les deux phases que nous avons signalées, on comptait dans les districts miniers 100,000 mineurs sur 143,000 habitans. L’année suivante, le nombre des premiers était réduit à 86,000, et l’exportation de la poudre d’or s’élevait pourtant de 225 à 280 millions de francs, ce qui faisait monter le salaire annuel de chaque mineur de 2,250 francs à 3,350[1]. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, et les garanties de durée qu’ils impliquent sont un sûr gage de l’avenir du pays. La Californie prendra rang, que dis-je? elle a déjà pris rang parmi les nations industrielles et productrices, et, comme l’annonçait dès 1852 M. Dillon, « le rôle que jouent dans certaines contrées d’Europe ces deux grands élémens, la houille et le fer, les mines d’or le joueront ici. Elles serviront à faire pousser, si je puis m’exprimer ainsi, des centres de consommation à côté des centres de production, et les villes déjà importantes où le quartz aurifère se traite sur une grande échelle remplaceront pour la Californie Manchester, Birmingham ou Saint-Etienne. » On peut ajouter que les villes qui se créeront ainsi sur les rives du Pacifique jouiront de garanties auxquelles ne sauraient prétendre les grands centres manufacturiers de l’Angleterre. Le monopole des cotons par exemple pourra quelque jour être ravi à ces derniers par les États-Unis, qui, au commencement du siècle, n’en mettaient pas mille balles en œuvre, et qui aujourd’hui en consomment plus de six cent mille fois autant. L’industrie aurifère au contraire défie toute concurrence; nulle guerre, nulle commotion extérieure ne peut la paralyser, car le besoin auquel elle répond est universel. Il est d’ailleurs un terme de comparaison qui mérite d’être signalé aux nombreux adorateurs du veau d’or : la production métallique de la Grande-Bretagne représente une valeur de 500 millions de francs environ, et dans ce chiffre le fer, dont on peut dire que l’Anglais alimente le monde, entre pour trois millions et demi

  1. Nous ne voulons indiquer ici que le rapport d’augmentation des salaires. Pour déterminer le salaire moyen réel, il faudrait tenir compte de la production d’or totale, au lieu de se borner aux chiffres d’exportation.