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prix des grains et leur abondance ou leur qualité, sur la liberté du commerce et sur les moyens à employer pour remédier à des cours trop élevés ou trop bas, je n’aurais pas été surpris des étrangetés qu’auraient dites nos commissions cantonales. Je comprends moins des incertitudes semblables a celles que je signale ; aussi je ne puis me les expliquer que par la grande légèreté avec laquelle ont été faites la plupart des réponses[1].

L’exactitude étant la première, j’allais dire la seule qualité qui donne à une statistique sa raison d’être et sa valeur, il serait inutile de justifier les autres reproches que j’adresse à la Statistique agricole de la France, si cette étude ne tendait à bien expliquer comment devrait être accompli un travail de ce genre. Ce qui étonne d’abord quand on ouvre la première partie de la Statistique agricole, c’est de voir éditer à la fin de 1858 des chiffres recueillis en 1853. Des retards aussi longs présentent le grave inconvénient de rendre presque impossibles les contrôles auxquels on voudrait parfois se livrer, et beaucoup moins intéressans les résultats dont il s’agit. L’opportunité est un des plus grands mérites en toute chose ; en statistique agricole surtout, ce mérite est singulièrement nécessaire, puisque des conditions tout opposées de famine ou de surabondance, de sécheresse ou d’humidité, de paix ou de guerre, de liberté ou de restriction commerciale, peuvent modifier notablement les préoccupations de l’esprit public, et le rendre attentif ou le laisser fort indifférent à des documens de cette nature.

Ce qui étonne encore, c’est d’apprendre que l’introduction ne sera publiée qu’avec la seconde et dernière partie. L’absence de l’exposé explicatif que contiendra sans doute cette introduction oblige le lecteur à se débattre, en attendant, avec les tableaux qu’on lui soumet comme avec une série de hiéroglyphes qu’il ne peut parfois comprendre et déchiffrer bien complètement qu’en se reportant aux observations préliminaires insérées dans le long questionnaire soumis pour 1852 à nos commissions cantonales. Cependant, si cette introduction devait rectifier les erreurs qui ont été commises, il y aurait à se féliciter de ne la voir imprimer qu’en post-scriptum.

  1. Malheureusement il n’y a pas de fautifs dans la Statistique agricole que les élémens recueillis. Les calculs accomplis avec ces élémens laissent eux-mêmes à désirer, et cela est, selon moi, une preuve certaine que les hommes chargés sans doute dans les chefs-lieux de départemens de la révision du travail cantonal connaissaient le peu de valeur dos données premières, car je me plais à croire que, s’ils avaient eu foi dans l’exactitude de ces chiffres, ils les auraient plus soigneusement rapprochés. Combien d’erreurs ont été commises, je ne puis le préciser, parce que je n’ai eu ni le temps ni le courage de vérifier un grand nombre de calculs ; mais je sais qu’en voulant m’édifier sur ce sujet, j’ai trouvé quatre fautes d’addition dans les pages 4 et 5, et vingt fautes de multiplication dans la page 201, ainsi qu’une foule d’erreurs dans les tableaux du revenu brut produit par les botes à cornes et les botes à laine, en calculant, du moins d’après le produit indiqué ailleurs pour chaque tête de bétail, le produit total que devrait donner dans nos divers arrondissemens l’ensemble d’animaux qui s’y trouvent. Malheureusement encore on remarque d’autres différences inexplicables entre le nombre d’hectares qui figurent sur divers tableaux relativement aux mêmes cultures dans certains départemens.