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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/711

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mais on ne saurait accepter ces évaluations même comme des résultats voisins de la vérité, car on ignore complètement si les lois connues de la pression des gaz et des vapeurs s’appliquent encore avec une parfaite exactitude dans des conditions si éloignées de celles où elles ont été observées. Tout ce qu’il est possible d’affirmer, c’est que la poudre, si la combustion était instantanée, développerait une force représentant plusieurs milliers d’atmosphères, et par conséquent hors de toute proportion avec la résistance des armes les plus épaisses. Il faut donc éviter avec grand soin de lui donner une propriété aussi dangereuse. Les poudres fulminantes la possèdent à un degré variable ; aussi sont-elles toutes brisantes, et elles seraient impropres à remplacer la poudre ordinaire, alors même qu’un prix élevé et les dangers qu’en présente la manipulation ne seraient pas des motifs suffisans de les exclure.

Dans l’usage habituel heureusement, la combustion n’a pas l’extrême vitesse que lui attribue la pensée. Non-seulement tous les grains d’une charge de poudre ne s’enflamment pas simultanément, mais chacun met quelques courts instans à se consumer. La pression elle-même n’est pas telle sans doute que la théorie l’indique. Les gaz cèdent à l’enveloppe une portion de leur chaleur, portion variable d’après la nature du métal, et comme lui-même ne saurait être tout à fait inflexible, il ploie un peu sous l’effort pour revenir ensuite par son élasticité à sa position première. Il y a aussi une compression exercée continuellement par les gaz sur ceux qui se sont dégagés les premiers ; ce sont là des réactions dont il faut tenir compte. Enfin le projectile se déplace, lentement d’abord, puis avec une vitesse toujours croissante, sous l’influence de l’expansion des gaz, qui accumulent leurs effets jusqu’à sa sortie de l’arme. La communication successive des vitesses, due au temps relativement assez long qu’exige la combustion de la poudre, permet donc d’expliquer comment fusils et canons ne sont pas à chaque coup projetés en éclats.

Faute de pouvoir bien apprécier les circonstances nombreuses et variées qui agissent sur la force d’expansion de la poudre, on n’a pu non plus se rendre un compte suffisamment exact des effets qu’elle produit. Il a été possible cependant de calculer les résultats à prévoir