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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/858

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dévouement affectueux dont ils avaient fait preuve. » Ce langage habile consommait l’alliance récente de la capitale et du parlement, et constatait ce fait essentiel, que des abus du pouvoir royal on était garanti désormais par le pouvoir parlementaire, en état de faire respecter ses décisions. Ces nouveautés faisaient branler la tête aux vieillards, aux sages de la chambre, et scandalisaient particulièrement notre ami sir Simonds d’Ewes ; mais les royalistes, si furieux qu’ils pussent être, ne se dissimulaient pas l’étendue de leur défaite, et j’entendis l’un d’eux (sir Edward Dering) dire que, « s’il pouvait honnêtement être Pym, il préférerait ce rôle à celui du roi Charles. »

Celui-ci s’était d’abord rendu à Hampton-Court. Là venaient encore jusqu’à lui les frémissemens de la capitale : les constituans de Hampden par exemple, les francs-tenanciers du Buckinghamshire, n’osèrent-ils pas lui porter une pétition semblable à celle qu’ils avaient déjà présentée à la chambre des communes, le propre jour de la rentrée à Westminster ? Elle était à peine respectueuse dans la forme et très hardie au fond. Le roi la reçut pourtant avec assez de douceur, feinte ou sincère ; mais, bien qu’il eût eu le temps de réfléchir à l’imprudence de l’accusation portée contre les cinq membres du parlement, il ne sut pas se résoudre à déclarer aux pétitionnaires qu’il n’y serait pas donné suite. Le roi leur répondit simplement : « J’aimerais mieux acquérir la preuve de l’innocence de votre délégué que le trouver coupable. En tout cas, je ne fais point remonter à ceux qui l’ont nommé la responsabilité des crimes qu’il a pu commettre. » Vous reconnaîtrez à ce langage le caractère de ce prince, tour à tour imprudent et timide, cédant sur les grands points, inflexible sur les petits scrupules. Les communes, huit jours après cette réponse aux électeurs de M. Hampden, ont fait demander à sa majesté les preuves qu’elle avait à fournir à l’appui de l’accusation portée contre les cinq députés. Le roi a répondu qu’il ne pouvait encore livrer à la publicité les faits dont il comptait se servir, mais qu’il procéderait, devant les juges ordinaires, dans les formes usitées. Neuf jours plus tard, nouvelle insistance des communes, à laquelle le roi vient de répondre en renonçant aux poursuites et en offrant un pardon général. La chambre, en s’autorisant de certains statuts, a déclaré là-dessus « que le roi ne pouvait se borner à innocenter ainsi personnellement les accusés, mais qu’il leur devait le nom des conseillers par l’avis desquels ils avaient été injustement poursuivis. « Comme il gardait le silence malgré cette sommation nouvelle, on a rendu un bill qui reconnaît les cinq membres bien et dûment acquittés, et un autre pour décréter d’accusation l’attorney general, sur qui pèse la responsabilité de l’accusation portée contre